27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 18:02

Un film d'Emmanuel Gras

 

 

largeposter_589215.jpgFilmées en frontal, de profil ou de dos, "grégarisées" ou isolées, en duos ou trios, offrant en gros plans (voire très gros) leurs pelages, leurs museaux, leurs oreilles leurs sabots ou leurs mamelles; qu'elles apparaissent en plans rapprochés ou éloignés, qu'elles soient au premier ou en arrière-plan, les bovines d'Emmanuel Gras semblent tordre le cou au cliché concernant leur placidité. Il faut entendre le concert de leur meuglement,  le bruissement de leurs langues, capter leurs regards que voilent à demi de longs cils blancs. S'inscrivant dans un paysage à leur mesure elles imposent leur masse ou le dessin de leurs contours; sculptures vivantes ou esquisses graphiques!

Une pluie vient briser la surface plane de l'eau et c'est une toile cinétique qui se donne à voir; alors que les pattes animales comme accolées s'érigent en menhirs. Une brume caresse le paysage et c'est une toile impressionniste qui confond les deux règnes (animal et végétal). Un très gros plan sur les poils qui frémissent rappelle la respiration de l'herbe balayée par le vent.

Les jeux de lumière créent une palette variée de verts (tendre, bleuté, bronze) de blancs (les pelages évoquent parfois le blanc typique de Zurbaran) et de bleus (céruléen acier ou pastel)

Le cinéaste joue aussi sur la répartition dans l'espace (souvent c'est la règle d'or mais avec un jeu d'inversion: entre le ciel et la prairie)

Le film est scandé en plusieurs mouvements (passage écran noir); et de ce fait inscrit la "vraie vie des vaches" dans la durée. Ce peut être une journée, une année, une vie: de la naissance –une vache qui vêle- à la mort -suggérée par un départ pour ...l'abattoir.

 

Loin des documentaires animaliers -dans lesquels une voix off souvent très prolixe anthropomorphise les animaux - le film d'Emmanuel Gras invite le spectateur à vivre, une heure durant, au plus près de ces herbivores qui lui semblaient jusque-là comme figé(e)s dans un paysage de convention.

Une école du regard!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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