2 novembre 2025 7 02 /11 /novembre /2025 06:50

De Hong Sang-soo (Corée du Sud 2024)

 

avec :Kang So-yi, Ha Seong-guk,  Kwon Hae-hyo , Park Mi-so, , 

 

Festival Berlin 2025

Donghwa, un jeune poète de Séoul, conduit sa petite amie Junhee chez ses parents, aux alentours d’Icheon. Émerveillé par la beauté de leur maison nichée dans un jardin vallonné, il y rencontre son père qui l’invite à rester. Au cours d’une journée et d’une nuit, il fait la connaissance de toute la famille et la nature de chacun se révèle.

Ce que cette Nature te dit

Une œuvre foisonnante une maîtrise revendiquée du "processus" de création cinématographique (cf le générique de fin) -de la réalisation au montage en passant par la musique- un cinéaste plébiscité depuis des décennies... mais par une certaine presse -les entrées restant modestes dans l’hexagone……-Hong Sang-soo a imposé un style "identifiable" et une méthode singulière ; une prédilection pour les "intermittences du cœur", un dispositif resserré, favorable aux discussions, mais en évitant gros plans ou champ contrechamp – pour ne pas installer le spectateur dans le regard de l’un des protagonistes, caméra fixe, peu d’acteurs (5 ici). longs plans séquences dialogués, ’importance accordée aux repas (et à la prise d’alcool) (ainsi tout un chapitre dans ce dernier opus est consacré au repas concocté par la mère de Junhee;  et par trois fois nous verrons les personnages attablés (à l’intérieur de la maison en famille ou au restaurant le poète entouré de son « amie » et de sa future ( ?) belle-sœur). Dans ce film l’échange portera sur la création poétique mais aussi sur les déterminismes sociaux jusqu’à l’emportement violent du prétendu ( ?) "poète"

Une nouveauté l’importance de la voiture, une antiquité de 1996. Elle ouvre et clôt le film. Vu de dos à l’intérieur de l’habitacle puis de profil, le couple -Jun-hee et Dong-wha - semble accomplir un rituel (à la semaine prochaine) de débutants balbutiants. (or leur relation s’inscrit déjà dans la durée ) A la fin, seul au volant après une soirée bien imbibée le poète voit le capot lui désobéir … (ne pas spoiler).

Le récit apparemment linéaire découpé en 8 chapitres, avec une unité de temps, fait advenir cet apparent paradoxe:   abondance des paroles et incommunicabilité notoire Les  "choses" au tout début semblent se mettre en place d’elles-mêmes , sans préparation. Donghwa raccompagne sa dulcinée chez ses parents, il salue le père (Kwon Hae-hyo,) devant la maison, puis entre quelques minutes, avant d'aller  fumer une cigarette dans le jardin, et  accepte l’invitation à dîner …Politesses jusqu’à cette acmé où tout bascule.- s'affrontent deux conceptions de la Vie.. du "métier de poète"  (les deux clans appartenant à une classe moyenne aisée)

Dong-wa un poète minable, raté ? (c'est le jugement sans appel des parents en tête à tête).  Et pourtant ! n’est-ce pas un autoportrait?  détourné, certes .. Lui qui revendique indépendance et simplicité,   lui qui est à l’écoute de la Nature (cf le titre) lui qui préfère regarder le vivant dans le flou (cf il porte rarement ses lunettes avoue-t-il et l’on pense inévitablement à in water In water - Le blog de cinexpressions)

La musique, longtemps absente,  épousera-t-elle  la prosopopée de la nature (ce que cette Nature te dit) par le " truchement" de la poésie ? Au spectateur de décider…

Un film à ne pas manquer !

 

Colette Lallement-Duchoze

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