De Bernhard Wenger (Autriche 2024)
Avec Albrecht Schuch (Matthias) Julia Franz (Sophia) Branko Samarovski (Johann) Nouri Anton (David)
Présenté à la Semaine de la Critique du festival Venise
Prix du public Les Arcs Film Festival (décembre 2024)
Matthias est un acteur professionnel employé dans une agence de location d'amis , qui répond aux besoins de ses clients . Mais quand il est confronté à la nécessité d'être lui-même le véritable défi commence...
Pfau - Bin ich echt? (Paon - Suis-je réel ? ) sous-titre!
"Mon compagnon - Ami à louer" partenaire parfait de n'importe qui dans n’importe quelle situation, que cela suppose de se faire passer pour le fils d'une riche famille de gens aigris, de faire semblant d’être le petit amoureux mélomane d’une femme plus âgée ou même d’aider une femme à apprendre à se disputer avec son mari.
Tel est le fil rouge de cette comédie grinçante où triomphe une forme d’absurde et où domine le ton pince sans rire; elle déclenchera un rire jaune à défaut d’être franc ; mais à partir de l’instant où des éléments perturbateurs enraient le parcours de Matthias (les signes avant-coureurs étaient allusifs à défaut d’être patents) le film bascule dans une forme de farce existentielle où l’on devine la marque de la « société de spectacle » (au sens où l’entendait Debord le spectacle n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes, médiatisé par des images ) Voici Matthias face au vide abyssal de son existence, de son être. (car s’il excellait dans le service de locations , il l’est beaucoup moins quand Sophia le "quitte" et qu’il doit assumer seul le Réel )
La construction du film est telle que certaines séquences feront sens a posteriori: (l’exemple le plus probant est la performance d’art contemporain dans une salle de théâtre qui préfigure indubitablement la séquence finale) de même la scène d’ouverture (une voiturette de golf prend feu alors que dans le cadre en arrière-plan on voit des éoliennes) annonce le parti pris de l’ironie (que l’on retrouvera à chaque fois que Matthias semble émerger d’un groupe, …) Ces références/clins d’œil à Ruben Östlund sont évidentes -quelquefois volontairement appuyées-, mais hélas sans la force iconoclaste du cinéaste suédois
Car avouons-le sans ambages si l’interprétation d’Albrecht Schuch est impressionnante , (ô les nuances dans la passivité affichée) si un soin tout particulier est accordé aux couleurs (l'image est lisse, soignée de bout en bout) si le goût pour les cadrages symétriques convient au propos zen du début, si l’impression d’artificialité prédomine (en harmonie avec la thématique) l’ensemble souffre d’un manque de..( ?) et ne saurait entraîner une totale. adhésion
Cherchez l’erreur
Colette Lallement-Duchoze
ps Le paon est un bel animal, magnifique au premier abord. Il fait valoir son plumage et se pavane, mais il n’y a pas grand chose derrière cette façade. Il n’aime pas voler, n’a pas un beau cri. Il n’a beaucoup d'atouts au-delà de ça. Ça vaut aussi pour Matthias (propos du réalisateur)