28 mars 2025 5 28 /03 /mars /2025 06:38

 De Kazuya Shiraishi (Japon 2024)

 

avec Jun Kunimura, Takumi Saitoh, Tsuyoshi Kusanagi, Kaya Kiyohara, Masachika Ichimura,  Kioko Koisumi

Ancien samouraï, Yanagida mène une vie modeste avec sa fille à Edo et dédie ses journées au jeu de go avec une dignité qui force le respect. Quand son honneur est bafoué par des accusations calomnieuses, il décide d’utiliser ses talents de stratège pour mener combat et obtenir réparation...

Le joueur de go

Le Joueur de go, ou la guerre psychologique sur damier noir et blanc ?


Le joueur de go c’est Yanagida, (Tsuyoshi Kusanagi) samouraï déchu -suite à une fausse accusation de vol- joueur au visage impénétrable, joueur aussi redoutable avec ses "coups tranchants et inattendus"  qu’il le fut sans doute avec son sabre, forçant admiration et envie de la part des regardeurs ou des adversaires…Mais comme il aura gardé intact au profond le  code de l’honneur , gare à celui qui l’enfreint !!!, les " coups tranchants" Yanagida les portera sur  l’infâme. Et c’est précisément la dynamique de ce film qui débute par la quiétude (apparente placidité) se prolonge par la colère la soif inextinguible de vengeance et s’accomplit en acmé dans une forme d’ataraxie 

 

Rivalités et malentendus, trahisons et faux semblants (-et l’apparente linéarité du récit se double de flashback sans autre raccord que la "parole du récitant" qui révèle à Yanagida par exemple tout un pan de son passé, le "suicide" de sa femme, les accusations non fondées) quand se mettent en place la  "quête de vengeance"   (honneur bafoué)-  et le respect coûte que coûte de la parole donnée (argent retrouvé, décapitation acceptée), c’est bien la marque du virilisme du machisme qui perdure chez certains samouraïs (Yanagida va jusqu’à  "donner en gage"  sa propre fille  auprès de la tenancière d’une maison close, Okou (Kioko Koisumi)


Or la bande-son qui accompagnait le geste du joueur de go - transformait déjà la position de la pierre en « assaut quasi militaire »


On appréciera la beauté plastique de ce film, souvent proche de l’épure - et simultanément cette impression d’un ralenti poétique envoûtant !! même les parties de go pour un non initié ont le charme languide de l’attente

Costumes, coiffes, chaussures d'époque (début de l'ère Meïji?), les gros plans et leur fonction dramatique, les zooms qui isolent ou au contraire enserrent: la reconstitution ne peut que séduire  Le cinéaste  accorde  une attention particulière aux ambiances (dans une salle dédiée au jeu de go,  en tête à tête chez Yorozuya (Jun Kunimura ) et son luxueux plateau , dans l’intimité du modeste chez soi que Yanagida -devenu graveur de sceaux-, partage avec sa fille Okinu (Kaya Kiyohara) les intérieurs sont traités tels des décors de théâtre aux lumières feutrées, parfois même telles des estampes « vivantes » comme si le cinéaste était aussi calligraphe.

Et ce, même quand un très gros plan met en évidence le doigt qui avance le pion (pierre) le pose sur le goban, le plateau quadrillé …

Et ce, même quand le luxueux plateau volera en éclats, éclats qu’un léger ralenti transforme en message « calligraphié »… Celui où les antagonismes apparents et bien réels (ceux des pierres, inhérents au jeu, ceux des humains adversaires ou ennemis) sont comme dépassés par une forme de transcendance (d’ordre métaphysiqu) -ce qui n’exclut nullement les dénonciations criantes d’ordre politique et social (dont le machisme forcené d’un autre âge( ?)

 


Un film à voir ! 

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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