de Halfdan Ullmann Tønde (Norvège 2024)
avec Renate Reinsve(Elisabeth la mère d’Armand) Ellen Dorrit Petrerson et Endre Hellestveit (les parents de Jon) Thea Lambrechts Vaulen (l’enseignante) Oystein Roger (le directeur)
Caméra d'Or Festival de Cannes 2024
Lorsqu'un incident se produit à l'école, les parents des jeunes Armand et Jon sont convoqués par la direction,. Mais que s'est-il réellement passé? Les récits s'opposent, les points de vue s'affrontent..., jusqu'à faire trembler les certitudes des adultes.
Passer par la case "école" pour mieux stigmatiser les travers d’une société, le cinéma dit d’auteur s’y est employé avec plus ou moins de panache. Avec La convocation le réalisateur Halfdan Ullmann Tønde (petit-fils d’Ingmar Bergman et Liv Ullmann) soigne particulièrement mise en scène, rythme, effets ; son huis clos -avec clins d’œil à Persona ou encore A travers le miroir et Le silence n’en sera que plus suffocant.
Un film trop formaliste ??
Il est encadré par deux scènes d’extérieur : voici une voiture qui roule à toute allure (la carrosserie envahit l’espace tel un bolide) au volant Elisabeth qui se rend pour la…convocation à l’école où son fils Armand serait accusé de ... La même voiture au final, mais un personnage rasséréné…une conduite apaisée (comme le sera le tout dernier plan dans la quiétude de la nuit et des draps protecteurs). Entre les deux le huis clos où s’affrontent des personnages et ce qu’ils représentent ; la vérité et le pouvoir de la parole ! (les problèmes de harcèlement scolaire -en ses causes et ses conséquences- liés aux excès de langage qui les vident de leur sens ce dont témoigne le trio administratif ou ce qu’illustrent les saignements de nez à répétition ; telle est bien la thématique du début jusqu’au basculement qu’opère la séquence du fou rire et avant le final -un déluge qui emplit l’espace jusqu’à « noyer » le tout ……)
La sonnette d’alarme n’était-elle pas d’emblée détraquée ?
Des couloirs (et l’on pense inévitablement à Shining ou au Silence ) des escaliers des profondeurs de champ, des murs ornés de portraits -murs au pouvoir mémoriel !- un tableau mi figuratif mi abstrait (à l’œil scrutateur), un numéro de fou rire (trop insistant ?) une danse allégorique (cauchemar revisité d’une société malade de ses mensonges autant que de sa pudibonderie) tout cela est bien –(trop peut-être?) ciselé ..jusqu’à transfigurer l’espace de l’établissement scolaire en un univers mental. Et l’actrice Renate Reinsve -que nous avions déjà vue dans Julie( en 12 chapitres) de Joachim Trier rayonnante de talent et de charisme y contribue amplement!
La découverte progressive des événements et du passé des protagonistes (c’est un procédé narratif éculé mais efficace) ainsi que la mise en place d’une communication non violente (c’est une tendance idéologique et sociétale) n’échappent pas -outre les rebondissements - à une multitude de détails souvent redondants (cf les très gros plans sur les visages, les mains que l’on asperge d’eau dans les toilettes, sur un aspect de la parure de la chevelure). De même les fondus enchaînés du début au service de la dualité sinon du « double » pèchent par leur surabondance
S’interrogeant plus sur les névroses jalousies et mensonges des « géniteurs » que sur les « mensonges » de leur « progéniture » (comme le laissait entendre le titre originel Armand) ce suspense psychologique- vaut malgré tout, le déplacement…
Colette Lallement-Duchoze