4 février 2025 2 04 /02 /février /2025 06:00

Programme de quatre courts métrages de Man Ray réalisés entre 1923 et 1929 (USA) 

 

Avec  Kiki de Montparnasse (Alice Prin), André de la Rivière, Robert Desnos, Jacques Rigaut, Rose Wheeler, Man Ray, Jacques-André Boiffard, Georges Auric..

 

 

Célébrant le 100ème anniversaire du premier film de Man Ray "retour à la raison" est la première restauration des films muets du photographe cinéaste  avec une nouvelle bande originale composée et interprétée par Jim Jarmusch et Carter Logan , groupe Sqürl 

Retour à la raison

L’étoile de mer Emak Bakia Retour à la raison Les mystères du château du Dé soit quatre « films insolites » regroupés sous le titre « retour à la raison » et qu’accompagne la superbe bande-son minimaliste du duo Sqürl, (Jim Jarmusch et Carter Logan)

Le résultat ? Un envoûtement ! Quand l’avant-garde musicale new yorkaise rencontre la beauté -qui sera convulsive ou ne sera pas (André Breton manifeste du surréalisme) 

 

Se faire voyant, appliquer le précepte rimbaldien à l’image à la singularité d’un regard, en allant au-delà de l’apparence des mots, Tout en se laissant guider par une étoile de mer ? Un gros plan sur ses piquants alors qu’elle est enfermée dans son bocal semble symboliser ces « dents des femmes ». Le sous-titre de ce premier court métrage « l’étoile de mer » est explicite « poème de Robert Desnos tel que l’a vu Man Ray 


Obtenir une image sans appareil en posant l’objet entre le papier et la source de lumière (cf clous punaises ressorts dans « retour à la raison ») poser des morceaux de verre cathédrale devant l’objectif : les personnages nous apparaissent flous (dans l’étoile de mer Kiki de Montparnasse André de la Rivière et Robert Desnos qui apparaîtra furtivement vers la fin). Démarche de qui pratique un cinéma expérimental et simultanément le rêve éveillé (et les paupières closes sur lesquelles l’artifice de ces yeux peints donne l’illusion de la vie …) 

 

Des gymnastes des baigneurs aux débardeurs rayés s’en viennent peupler le « château » de la comtesse de Noailles (villa conçue réalisée par l’architecte Mallet-Stevens à Hyères) Dans cet hommage à Mallarmé « un coup de dés jamais n’abolira le hasard » (cf l'affiche) et qui clôt notre  voyage » la confondante unité des personnages de l’architecture du ciel et de la mer a remplacé la "plume solitaire éperdue" du Maître (qui avait vu s’effondrer dés, vagues, mots) Le duo Jarmusch Carter Logan en décuple l’onirisme 


Inviter le spectateur à constamment se mouvoir comme l’a analysé Yannick Lemarié ? Oui certainement  Marche. Danse. Voiture. Train. Bateau. Rêverie d’une dormeuse, peut-être, qui s’élance vers des espaces infinis, depuis les abîmes marins jusqu’au ciel des poètes. L’étoile de mer ne conjugue-t-elle pas les deux ? Emak bakia n’évoque-t-il pas le « bassin de Neptune » et l’aviateur Marcel Doret ? Les Mystères du château de Dé ne propulse-t-il pas les nageurs dans les airs ?

 

A ne pas rater !

 

Colette Lallement-Duchoze
 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

Retrouvez aussi Cinexpressions sur Facebook

 

 

Recherche