d’Antoine Chevrollier (2024)
Coécrit avec Bérénice Bocquillon et Faïza Guène,
musique : Evgueni et Sacha Galperine
Avec Sayyid El Alami (Willy) Amaury Faucher (Jojo) Artus Solaro (Teddy l’entraîneur) Damien Bonnard (David le père de Jojo) Florence Janas (Séverine la mère de Willy) Mathieu Demy (le nouveau compagnon de Séverine) Léonie Dahan Lamort (Marina)
Festival Premiers Plans d'Angers 2025 :Prix du public Prix d'interprétation masculine pour Sayyid El Alami Prix de la diversité
Festival de Cannes 2024 : sélection en compétition dans la section Semaine de la critique
Projeté en avant-première à l'Omnia le 2/02 en présence du réalisateur et de l'acteur Amaury Faucher ce film sort en salle le 5 février
Willy et Jojo, deux ados inséparables, passent leur temps à chasser l’ennui dans un petit village au cœur de la France. Ils se sont fait une promesse : ils partiront bientôt pour la ville. Mais Jojo cache un secret. Et quand tout le village le découvre, les rêves et les familles des deux amis volent en éclat.
Ecran noir; des voix s’élèvent, envahissent l'obscurité de leur champ sonore (invectives rires et défis ) puis voici auréolé de lumière Jojo encouragé dans son "challenge" griller le stop qui croise une route départementale très passante "on n’a qu’une vie vas-y": et ce, malgré l’avis contraire de Willy son meilleur ami. Cette injonction/défi résonnera d’une étrange façon au cours de la narration quand Jojo adulé sera l’objet de l’opprobre quasi généralisé et que le « tombeau ouvert » du challenge initial sera la pierre tombale d’un geste désespéré…
Oui ce film plein d’énergie de folie et de bienveillance aussi fait précisément « se croiser » des destins dans un village angevin pétri de « préjugés » (préjugés dont Marina (Willy en est amoureux), désormais étudiante à Angers, s’est affranchie J’ai l’impression d’être dans les années 50 avec les rumeurs, les réputations…) Un croisement qui n’est pas simple juxtaposition mais aussi (et surtout) engrenage de problématiques diverses (ruralité ennui déterminisme social homosexualité homophobie deuil) et tout l’art du cinéaste sera d’entraîner le spectateur là où il ne s’y attendait pas…. tout en privilégiant le parcours quasi initiatique de Willy. Conséquence inévitable : le scénario va donner l’impression (désagréable pour certains) d’accumuler des "micro récits" …Jamais il ne sacrifiera les personnages dits secondaires (cf les rôles de la mère, de la petite sœur, de Marina dans le parcours/trajectoire de Willy ; cf aussi la métamorphose du père de Jojo, admirablement interprété par Damien Bonnard)
Voici deux adolescents à l’amitié indéfectible. L’un souffre du caractère impitoyable d’un père -qui vit par procuration la victoire (championnat de France de motocross) de son fils entraîné par Teddy ; l’autre dévasté par la mort de son père ne peut envisager une autre vie dans une autre maison et un autre compagnon pour sa mère. Mais voici qu’homosexualité et homophobie vont changer la donne, et le cours des destins…
La pampa ce circuit de motocross est à n’en pas douter un microcosme (ou du moins il est traité comme tel). Or, les deux grandes séquences le jour du championnat (dans lesquelles Jojo et plus tard Willy sont filmés tels des voltigeurs) si elles se font écho n’ont pas la même fonction dans la narration ; la seconde s’est en effet délestée du virilisme si patent dans la première ; et ce faisant ce sont aussi les limites de l’éducation parentale qui éclatent au grand jour.
Un film qui "déconstruit" tous les clichés de la « masculinité toxique » liés au motocross dans le contexte d’une certaine ruralité, sans recourir à une démonstration plus ou moins moralisatrice…
L'Apocalypse, ce n’est pas la fin du monde, c’est un dévoilement : la fin d’un monde avant un nouveau."
On serait tenté d’appliquer à La Pampa (mutatis mutandis) ce commentaire de Marina destiné à Willy lors de leur visite au château d’Angers où est exposée la tapisserie médiévale l’Apocalypse
Un film que je vous recommande
Colette Lallement-Duchoze