Documentaire réalisé par Pierre Creton et Vincent Barré (France 2024)
2024 • FIDMarseille - Festival International de Cinéma de Marseille • Marseille (France) • Prix du Centre National des Arts Plastiques (CNAP) - Première mondiale
2024 • IDFA - International Documentary Festival Amsterdam • Amsterdam (Pays-Bas) • Paradocs
À la recherche de plantes indigènes, nous suivons le botaniste Mark Brown, depuis Aizier jusqu'à Sainte-Marguerite-sur-Mer, chez lui. De la vallée de la Seine, suivant le littoral cauchois en sept promenades, nous filmons les plantes jusqu'à son projet botanique fou : reconstituer une forêt primaire à L'Aube des Fleurs.
Une structure en deux « volets » comme les deux « faces » d’un herbier que l’on va feuilleter avec délicatesse
La première -sorte de making of- nous invite à suivre pendant 7 jours -et pour 7 balades sur le littoral cauchois, en 7 lieux différents-, cette équipe avec laquelle P Creton nous a déjà familiarisé (cf Le prince et Toto) Mais surtout nous entendons la voix du maître paléobotaniste décrypter, décliner pour le profane, la vie et l’histoire des plantes «indigènes » (certaines datant de plusieurs millions d’années cf l’ophioglosse, fougère primitive datant d’avant les dinosaures) chacune sera immortalisée grâce à l’opérateur Antoine Pirotte (que nous voyons ajuster capter l’angle de vue mesurer la lumière, placer son cadre, comme pour stariser l’élément floral, végétal) alors que Pierre Creton - caméra numérique au poing- filme l’équipe isolant en gros plan la main de Mark Brown, le filmant de dos -solitaire mains croisées- ou intégré au groupe ; une petite famille happée par le paysage au point de se fondre en lui, un tapis de velours tel un écrin pour le repos de leurs corps allongés
Une promenade bucolique prolégomène à …Car dans la seconde partie voici que l’écran offre au regard ce qui a été filmé en I ; plantes fleurs tiges se succèdent en plans fixes (selon le même schéma chapitré); la voix off de Mark Brown égrène noms savants noms vulgaires, espèce, historique alors que chaque fleur chaque plante gagne en couleurs sensualité éblouissement.
Le commentaire savant certes jamais ne vire au pédantisme (et parfois il a les accents d'une mélopée) la voix susurre elle dote chaque plante d’une « histoire » qui peut avoir la saveur de l’érotisme (cette prairie tapissée de fleurs blanches n’est-elle pas idéale pour faire l’amour ? se rappelle Mark Brown). Pédoncules pistils corolles tiges (que caressent les doigts de l’expert) autant d’organes qui exultent de vie en l’exaltant. Une vie, école d’humilité, que l’homme hélas de par son activité même menace dangereusement ; le simple promeneur d’ailleurs peut l’écraser de ses pieds maladroits et son regard l’ignorer… Constat amer que renforce le son grave sensuel et mélancolique de la clarinette…
Sept promenades ou le temps retrouvé; sept promenades ou la révélation d’un monde insoupçonné
Un documentaire à ne pas rater !!
Colette Lallement-Duchoze