D'Arnaud Desplechin (2024)
avec Milo Machado Graner ‘(Paul Dedalus enfant) Mathieu Amalric (Paul Dédalus adulte) Salif Cissé (Paul Dedalus) Francoise Lebrun (la grand-mère) Micha Lescot (Pascal Kané) Olga Milshtein Pamela Demal (l’ouvreuse)
Festival Cannes 2024 séances spéciales
Qu’est-ce que c’est, aller au cinéma ? Pourquoi y allons-nous depuis plus de 100 ans ? Je voulais célébrer les salles de cinéma, leurs magies. Aussi, j’ai suivi le chemin du jeune Paul Dédalus, comme le roman d’apprentissage d’un spectateur. Nous avons mêlé souvenirs, fiction, enquêtes… Un torrent d’images qui nous emporte.
Un titre trompeur ? emploi du pluriel ? Certes le cinéaste convie d’autres « spectateurs » que lui en particulier ou ses doubles fictionnels incarnés par quatre acteurs. Ainsi la grand-mère (Françoise Lebrun) qui d’emblée « apprend » à faire le distinguo entre tv et cinéma, ou ces « anonymes » dont les visages se succèdent en vignettes répondant aux questions sur le rapport à la salle, à l’écran, aux émotions suscitées ou encore des « amis » Mais l’essentiel de ce film aux allures d’autofiction est bel et bien un hommage au cinéma et Arnaud Desplechin veut prouver qu’en 30 ans de carrière il a été est et restera avant tout un « spectateur » (d’où peut-être l’importance du point d’exclamation et la justification a posteriori du pluriel)
La fascination qu’ont exercée sur lui Truffaut (Paul Dédalus incarné par Salif Cissé explique tous les plans du générique et prologue des 400 coups ) Jacques Lanzmann (longue séquence tant le film Shoah a été perçu et vécu comme une Révélation) Ford (les Cheyennes) ou encore la discussion dans un bar avec la philosophe Sandra Laugier, le cours du professeur cinéaste et critique Pascal Kané, l’échange à New York avec Kent Jones, le prouveraient aisément
Les douze chapitres (dont les titres apparaissent en lettres rouges) la voix off (quand le réalisateur n’apparaît pas dans le cadre vers la fin ) au ton souvent professoral voire pontifiant, semblent déployer avec un mélange (pas toujours convaincant) d’extraits de films (cf entre autres l'adolescent subjugué par Liv Ullmann dans Cris et chuchotements dont le visage agrandi est sublimé en "paysage" ) de commentaires, d’interviews, de reconstitutions, une longue réponse à la question fondamentale que posait André Bazin Qu’est-ce que le cinéma ? Tout en sachant que cette interrogation est, restera ouverte…
Spectateur vous serez peut-être agacé, intéressé ou subjugué par ce soliloque, par la façon dont le cliché sur la magie du cinéma est ….revisité (un mélange d’amplitude et d’inachevé, de fugace et d'éternel)
Colette Lallement-Duchoze