d'Elias Belkeddar (France, Algérie 2022)
avec Reda Kateb, Benoît Magimel, Zina Bouzid
festival Cannes 2023 hors compétition
Omar, plus connu sous le nom d'Omar la Fraise, est un bandit à l'ancienne. Contraint à la cavale en Algérie, il vit de petites magouilles, accompagné de son illustre acolyte Roger. Après avoir régné sur le milieu du banditisme français durant des décennies, ils doivent ensemble accepter leur nouvelle vie alors qu'ils n'ont vécu jusqu'à présent que dans la débauche et la violence...
Moins une histoire de gangsters que d’amitié indéfectible (celle qui lie Omar et Roger), moins une façon de filmer à la Tarentino -même si ici et là de grands mouvements frénétiques de caméra font gicler le sang - que le portrait d’une ville d’un pays loin des clichés dont nous les étrangers sommes imprégnés. Et pourtant en voulant mélanger différents « genres » - romance amoureuse, comédie, drame, thriller- le réalisateur (dont c’est le premier long métrage) peine à convaincre. Après un prologue fulgurant (opposition entre l’immensité ocre d’un paysage inviolé et les ruelles grouillantes de la ville) et détonant (rythme rapide et chorégraphié dans la passation de la came qu’accompagne une musique presque sur dimensionnée) le manque de fluidité, les clichés capillotractés sur l’amour, le récit assez bancal, les vociférations oiseuses, tout cela fait que l’on « décroche » facilement – ce qui ne remet pas en cause la « prestation » des deux acteurs, qui, on le devine ont dû beaucoup s’amuser….
Certes, Elias Belkeddar se plaît à tordre le cou aux « clichés » attendus sur les « mafieux ». Voici une immense villa sans meuble, une piscine sans eau, des soirées en boîte bien arrosées, de la cocaïne, des fringues d’un autre âge, une mini séance de sport matinale : que sont devenus les gangsters parisiens ? leur quotidien de l’autre côté de la Méditerranée semble presque « ennuyeux » !!!
Et voici que se profile, avant d’être incarnée l’existence de ces mômes des rues habiles à la lame acérée, des enfants contraints de « tuer » pour survivre ? Aptes à écouter et à faire leurs, les préceptes d’Omar qui leur enseigne l’art de truander « Je voulais raconter l’envers du décor de la figure du gangster. J’aimais l’idée de prendre des figures de psychopathes et d’enfants des rues qui sont vraiment dans l’ultra-violence et arriver à susciter de la tendresse pour eux »
Cela étant - et quand bien même le film distille une forme de « tendresse » au plus fort de la violence et de ses morts inutiles- Omar la fraise reste dans un entre deux (l'errance des deux compères puis le traitement de la « conquête amoureuse » et au final l’histoire de vengeance en témoignent aisément!)
Dommage !
Colette Lallement-Duchoze