de Sebastián Lelio
Avec Julianne Moore, John Turturro, Michael Cera, Caren Pistorius.
La cinquantaine frémissante, Gloria est une femme farouchement indépendante. Tout en étant seule, elle s’étourdit, la nuit, dans les dancings pour célibataires de Los Angeles, en quête de rencontres de passage. Jusqu’au jour où elle croise la route d’Arnold. S’abandonnant totalement à une folle passion, elle alterne entre espoir et détresse. Mais elle se découvre alors une force insoupçonnée, comprenant qu’elle peut désormais s’épanouir comme jamais auparavant…
De même que l’actrice transgenre Daniela Vega portait de bout en bout Une femme fantastique (2017) de même dans Gloria Bell, auto remake d’ailleurs de Gloria, c’est bien Julianne Moore qui par son jeu magistral et son omniprésence à l’écran, impose au film son mouvement sa pulsation ; bien plus ses déhanchements ou sa silhouette épousent les rythmes disco des chansons qu’elle affectionne tout particulièrement ; et le plan récurrent où au volant de sa voiture filmée de profil ou de 3/4 elle chante presque à tue-tête des tubes des années 80 le confirmerait aisément
Oui le film est servi par une actrice étonnante; la moindre sensation la moindre émotion sont lisibles dans un regard un sourire ; le dynamisme initial, les espoirs et connivences, la déception amère allant jusqu’au taedium vitae, toutes les nuances du paraître et de l’être, les intermittences du coeur, l’exaltation et l’enfouissement, les pièges du amare amabam, font vibrer cette femme d’âge mûr en quête d’émancipation …
Ajoutons le jeu tout en nuances de John Turturro, la construction circulaire (séquence inaugurale et séquence finale se font écho même si Gloria n’est plus tout à fait la même sans être tout à fait une autre ), une bande son originale (et la chanson Gloria de Van Morrisson des années 60 que l’on entend pendant le générique de fin)
Tout cela confère à Gloria Bell un charme certain aux accents d'apologue
D’où vient alors cette pénible sensation d’ennui qui peut s’emparer de certains spectateurs ?
Est-ce le "passage" obligé de soumission à certaines conventions de genre, en passant de Santiago version 2013 à Los Angeles ?
(Rappelons que c’est l’actrice qui a sollicité le réalisateur chilien pour un remake où elle tiendrait le rôle titre....)
Colette Lallement-Duchoze