de Paul Dano (USA)
avec Carey Mulligan, Jake Gyllenhaal, Ed Oxenbould, Bill Camp
présenté au festival de Cannes (Semaine de la Critique)
A l'automne de 1960, Joe un adolescent de 14 ans, regarde, impuissant, ses parents s'éloigner l'un de l'autre. Leur séparation marquera la fin de son enfance...
L'acteur Paul Dano (Little Miss Sunshine, The will be Blood, 12 years a Slave...) signe avec Wildlife son premier long métrage inspiré du roman de Richard Ford "une saison ardente". Le film peut se lire comme le passage de l'adolescence à l'âge adulte (équivalent du roman dit d'apprentissage) . Et en effet Ed Oxenbould (qui interprète Joe) sera de tous les plans (seul, en groupe, ou en retrait selon la dynamique qui anime l'intrigue) C'est par son regard que l'on va assister à la déliquescence du couple que forment Jeannette (admirable Carey Mulligan) et Jerry (Jake Gyllenhaal) ses parents; parents qu'il adule et sans lesquels il se sent comme perdu. D'autant qu'ils ont pris l'habitude de solliciter son avis sur presque tout et de faire appel à ses soins (menus travaux de réparation, conduite de la voiture...) Or le père après avoir perdu son emploi au club de golf décide de partir combattre les incendies en forêt. La mère, déjà insatisfaite avant le départ de son mari, sait que le couple va éclater, elle rêve d'émancipation... Le fils ne juge pas; il est tout simplement désarçonné .. avant d'accepter l'inéluctable. Et c'est lui qui, grâce à ses talents de photographe débutant, transformera -dans le plan final- Wildelife en apologue ( "Bien qu'il parle d'affrontement, de chagrin, de désillusion, le film est porté par l'amour.[ .].Nous pouvons encore être une famille" cf note d'intention du réalisateur)
Le film est de facture très classique tout comme la thématique "marronnier", avec des clichés, car faute de s'interroger sur la complexité des sentiments, il reste dans un en-deçà qui peut déplaire ou décevoir -même si les non-dits sont censés suppléer à ce manque apparent...
Dans sa façon de cadrer et dans le choix de couleurs expressives, Paul Dano emprunte souvent (trop) aux toiles d'Edward Hopper; (et on aura facilement reconnu les clins d'oeil à la station-service, aux façades de maison, à certains paysages, à ces personnages abattus de solitude que l'on devine à travers des vitres) MAIS sans laisser au spectateur la sensation d'étrange étrangeté - celle qui émane des contours de contrastes, de l'accentuation des tons pleins, de perspectives coupées et qui confère au réel un effet d'imaginaire...
Ou alors s'agirait-il de rendre tangible, presque palpable, un vernis qui va craquer (sous les apparences)?
Je vous laisse juge
Colette Lallement-Duchoze