De Quentin Dupieux (2025)
avec Adèle Exarchopoulos Jérôme Commandeur Sandrine Kiberlain Karim Leklou
Magalie est une star du web hors sol et sans morale qui gagne des fortunes en postant des contenus choc sur les réseaux sociaux. Après un accident grave survenu sur le tournage de l'une de ses vidéos, Magalie s'isole à la montagne avec Patrick, son assistant personnel, pour faire un break.
Composé de trois "actes", chacun entrecoupé de flashbacks (les premières vidéos de Magalie, son ICD, ses automutilations, ou encore le tournage de "l'accident de piano" ) le dernier film du prolifique Dupieux (à la fois réalisateur monteur et musicien) est moins déjanté frappadingue ou foutraque que certains autres films mais il poursuit l’attaque en règle de la société de spectacle …(cf Yannick Le Deuxième Acte) là où ça fait mal. (pour parodier un slogan -victimaire ?- que brandit un fan tu fais du bien là où ça fait mal )
Chacun d’entre nous est concerné. Voyez cette foule de décérébrés, agglutinés derrière des barreaux saluant de slogans et de pancartes le passage de la star ……Ou encore ce lourdaud (Karim Leklou ) qui, à la recherche d’un selfie avec l’idole, entrera dans le chalet léchant voracement sa déesse agrandie par l’affiche. Ecoutez cette journaliste guindée, corsetée dans des "principes", des formules convenues à la Léa Salamé ou à la Drucker tout en pratiquant le chantage…, Suivez ce factotum servile flagorneur et veule au service d’une maîtresse revancharde inculte tyrannique (cracher dans le yaourt ? la belle affaire) Mais cerise sur le pot de yaourt voici la truculente Adèle Exarchopoulos qui incarne Magaloche, youtubeuse richissime, - sa prestation dans Mandibules avait déjà exigé une déformation du faciès, de l’élocution -, et ça tombe bien car il s’agit ici de se trimbaler avec minerve, plâtre, appareil dentaire, avec des vêtements qui fagotent plus qu’ils n’habillent, un corps qui dit l’enfer d’une société dégénérée ?
Le long face à face Sandrine Kiberlain/ Adèle Exarchopoulos restera dans les annales…(et les changements d’angles de vue les légers décalages dans les positions évitent une forme de statisme) L’image du piano suspendu (un clin d’œil à Bunuel ?) vite contextualisée se déleste de toute interprétation surréaliste, elle s'inscrit dans un making of (présence sur le plateau de la maquilleuse et du grutier pour le tournage d’une séquence qui va virer à la tragédie). Ou est-ce un ici-bas infernal en ses mesquineries répétées vues d’en haut, grâce au regard en surplomb qui précisément serait le plus apte à les « transformer en spectacle » ? ???
On pourra déplorer un enfonçage de portes ouvertes (rôle vénéneux des réseaux sociaux, omnipotence malsaine de la « représentation », toute puissance de l’argent, amoralité et immoralité, vision pessimiste, etc…) . Notre " humanité" n’aurait-elle qu’un seul visage celui de " l’inhumanité"?
Interrogeons-nous plutôt sur ces deux déclarations -qui ne sont pas seulement des boutades (?)
Spielberg ? Un mec qui faisait des films avant (répond la maquilleuse à la question de l’inculte Magaloche)
J’utilise le mot artiste parce que je fais une activité qui ne demande aucun effort (Magalie)
Un film à ne pas manquer
Colette Lallement-Duchoze
.