Film documentaire réalisé par Hind Meddeh ( France Tunisie Qatar 2024)
Présenté en avant-première lors de la 81ᵉ Mostra de Venise en 2024
sélectionné au FIPADOC 2025,
En avril 2019, après trois décennies de dictature sous le régime d'Omar el-Béchir, le Soudan connaît un bouleversement politique majeur. La réalisatrice Hind Meddeb se rend alors à Khartoum pour capturer l'effervescence et l'espoir qui animent les rues de la capitale. À travers les trajectoires de jeunes militants tels que Shajane Suliman, Maha Elfaki, Ahmed Muzamil et Khatab Ahmed, le film dépeint avec sensibilité les aspirations et les défis de cette génération en quête de changement....jusqu'à ce que la guerre détruise tout, mettant les Soudanais sur les routes de l'exil
En France on parle peu de la guerre au Soudan
A la mémoire oublieuse la réalisatrice va rappeler l’immense soulèvement de 2019, (qui a duré plus de 50 jours et a mis fin à une oppression de 30 ans) rappeler sa sanglante répression par les FSR (forces de soutien rapide) mais surtout saluer la vaillance d’une jeunesse militante et insurgée. Elle a choisi une forme qui rappelle l'épistolaire, en s’adressant (voix off) à deux jeunes femmes soudanaises avec lesquelles elle a cheminé durant quatre ans, Shajane et Maha et dans l’interpénétration des voix, de ces réponses à l’imparfait se dessine en creux cet immense espoir (malgré tous les malgré). Surtout ne pas s’attendre à un documentaire sur la guerre avec images d’archives commentaires attendus interviews en bonne et due forme. Le générique de fin égrènera les terribles chiffres (nombre de morts d’exilés de déportés de victimes de la famine)
Nous allons assister à une triple révolution (qui d’ailleurs structure ce long métrage) :féministe (rôle si éminent des jeunes filles et jeunes femmes insurgées, la fin de la dictature signifiant la fin d’une oppression dont elles furent les premières victimes) poétique (poèmes/harangues face aux instruments génocidaires) et politique (quand les rêves -d’émancipation- individuels deviennent des revendications collectives…) Un élan de beauté face au mal absolu (dit la réalisatrice interviewée sur Arte 28 minutes https://www.arte.tv/fr/videos/126747-001-A/soudan-souviens-toi/
Lents travellings sur les fresques murales qui rendent hommage aux martyrs : en écho après la répression sanglante travellings sur les corps morts ou agonisants au sol ; une fenêtre comme ouverture sur la tragédie et l’Espoir alors que nous entendons la voix de la réalisatrice qui commente ou s’adresse à …
Révolution de 2019 coup d’état de 2021 guerre actuelle ; la réalisatrice a fait siennes des images prises par les manifestants sur leurs téléphones. Souvent dehors dans les rues avec les manifestants eux-mêmes, parfois en surplomb elle nous montre des chars de guerre alors que nous entendons au loin des tirs. Nous serons à l’écoute de Muzamil, Khatab, Maha, Shajane et tant d'autres témoins galvanisés par l’espoir de voir enfin un gouvernement démocratique de paix, d'égalité
Et si l’art restait un bastion imprenable ?(le mot est un être vivant rappelle la cinéaste qui cite V Hugo)
Rester debout ?est-ce encore possible ? Alors que l’espoir terrassé, se heurte aux forces militaires et a conduit nombre de Soudanais à l’exil (dont la « pétroleuse » Maha)
Soudan, souviens-toi, un film « musical » à la force explosive et poétique, à ne pas rater
Colette Lallement-Duchoze