28 janvier 2025 2 28 /01 /janvier /2025 12:04

De Pablo Larrain (Chili USA 2024)

 

avec Angelina Jolie (Maria Callas) Haluk Bilginer (Aristote Onassis) Pierfrancesco Favino (Ferrucio Maezzadri) Alba Rohrwacher (Bruna) Valeria Golino (Yakinthi Callas) Caspar Phillipson (J Fitzgerald Kennedy) Vincent Macaigne (Dr Fontainebleau) Kodi Smit-McPhee (Mandrax)

 

Présenté en avant-première à la Mostra de Venise (août 2024)

Angelina Jolie nommée aux Golden Globes pour son interprétation 

 

Présenté en avant-première à l'Omnia dimanche 26 janvier (festival Télérama)

 

Sortie le 4 février 2025

 

 

 

La soprano américano-grecque Maria Callas se retire à Paris après une vie glamour et tumultueuse aux yeux du public. Dans ses derniers jours, la diva s’interroge sur son identité et sa vie ; elle se remémore ses plus grands succès, entre solitude et nostalgie Pablo Larraín dresse ainsi le portrait d'une femme à la fois adulée et profondément vulnérable.

Maria

Troisième volet d’une trilogie consacré au féminin blessé, après Jackie et Spencer ce film s’intéresse aux 7 derniers jours de la Callas en septembre 1977. Voici une femme désespérée d’avoir perdu sa voix, une femme bourrée de médocs, une femme blessée dans ses amours, une femme recluse dans son appartement parisien et qui « s’interroge sur sa vie et son identité ».

 

Maria est structuré en trois parties annoncées par les « claps » et se donne(rait) à voir comme un film dans le film La Callas : the last days. Mais très astucieusement le personnage de Mandrax (Kodi Smit-Mcphee) censé être le documentariste n’est qu’une projection de l'esprit de la chanteuse, ce qui accentue l’enfermement mental de Maria. 
La séquence liminaire qui nous introduit avec lenteur dans l’appartement luxueux peut s’apparenter à une marche funèbre : silhouettés seront les personnages (dont le médecin Fontainebleau interprété par V Macaigne) qui se penchent sur le corps de la défunte gisant à même le parquet. Cette scène d’ouverture est reprise en écho à la fin : une telle circularité, certes formelle, s’inscrit en fait dans une volonté de désacralisation et d’ailleurs le plan fixe qui clôt le film est dédié au couple de serviteurs fidèles (Alba Rohrwacher, et Pierfrancesco Favino) alors que vont défiler en même temps que le générique de fin, des images d’archive en couleurs avec ….la Callas… loin de ses rôles de diva …

 

Pénétrant sa psyché (le visage d’Angelina Jolie filmé en très gros plan étant le miroir à traverser), Pablo Larrain déploie ses talents incontestés de cinéaste : éclatement de la chronologie, enchâssement des épisodes revisités en images réelles ou mentales, présentes et remémorées tout à la fois; récurrence de certaines scènes, agencement des couleurs avec passage du clair-obscur, du noir et blanc à la couleur, variations des cadres et angles de vue ; à cela il convient d’ajouter ces dialogues (certains assez drôles) la somptuosité des décors (et des costumes…). Et c’est bien pour « restituer » la « voix » (l’actrice américaine aurait suivi des cours de chant) que le cinéaste use des artifices qui « brouillent » les pistes - (de loin sur scène la Callas (la vraie?) mais voici entremêlés les rushs du film faussement vieillis… - dans la même séquence voici un extrait d’un concert aussitôt revisité ou fantasmé par… Angelina Jolie)

Cinéma et opéra, cinéma et intériorisation théâtrale


En contrepartie certains épisodes tombent à faux, à moins qu’il ne s’agisse d’auto dérision (revisitant son passé Maria peut le travestir) rencontre avec le président Kennedy, ultime visite à Onassis mourant;  et que penser de ces flash-back sur les « dérives » de la mère qui a prostitué ses deux filles ? faire du personnage une « victime » ? 


Certes le cinéaste refuse l’hagiographie tout en faisant de Maria la seule maîtresse de son « nouveau » destin (ce dont témoignerait la scène d’autodafé) mais force est de constater que la virtuosité formelle l’emporte créant ainsi une paroi de verre entre l’écran et le public….

Dommage

 

Colette Lallement-Duchoze
 

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