13 janvier 2025 1 13 /01 /janvier /2025 07:03

De Pedro Almodovar (Espagne USA 2024)

 

 

avec Tilda Swinton, Julianne Moore, John Turturro

 

 

Lion d'Or Mostra de Venise 2024

Argument: Deux amies de longue date , une romancière à succès et une reportrice de guerre, ont dû se séparer pour leurs carrières. Des années plus tard leurs routes se recroisent dans des circonstances troublantes 

La chambre d'à côté

Apparemment neutre dépassionné iridescent jaune vert ou rouge l'apprivoisement de la mort,  -un memento mori minutieusement préparé-, se dessine -acte ultime de vie ante mortem-, sur les lèvres pourpres et prend corps dans le jaune...

La mort lui va si bien!

 

Saturé de couleurs chaudes en grands aplats, dans un environnement somptueux (aussi flamboyant et glacé que celui de magazines de décoration), saturé aussi de références littéraires (dont Les gens de Dublin et la 15ème nouvelle les Morts) et cinématographiques (dont Persona de Bergman)  ce premier long métrage d'Almodovar en anglais (La voix humaine avec Tilda Swinton était un court métrage)  avec deux actrices hollywoodiennes (qu'on ne présente plus)  séduit par son esthétisme, un esthétisme  qui refuse le lugubre mais si lisse que.... 

 

Martha (ô les métamorphoses de Tilda Swinton !) ex reportrice de guerre pour the New York Times atteinte d'un cancer en phase terminale a décidé de mourir dans la dignité ; elle sollicite la présence d'Ingrid (étonnante et formidable Julian Moore) dans la "chambre d'à côté";  Ingrid écrivaine à succès -hantée par la mort comme le cinéaste d'ailleurs...-,  acceptera de partager ce cheminement vers...   Elle écoute en silence les confessions/confidences de Martha ; un silence qui n’a rien de sépulcral ; leur complicité culmine dans ce plan qui rapproche dans un arrondi à la Brancusi les deux  visages ; la  musique d'Alberto Iglesias s'est tue ou du moins on ne l'entend plus dans la sidération de l'instant soudainement magnifié 


Célébrant l'amitié féminine dans ce plaidoyer pour " le droit à mourir dans la dignité " le film s'encombre hélas de flash-back maladroits (sur la fille de Martha, et son père biologique)  tout comme il évoque ( sous forme de simples constats) la maladie  de notre planète   (climat et montée inexorable de l'extrême droite) John Turturro  n'est hélas pas du tout convaincant en porte parole de ces bilans  (d'ailleurs le  parallèle entre la fin de vie et la catastrophe climatique n’est-il pas un peu facile ?). 


Voici Martha et  Ingrid assises sur un canapé bleu vert, elles portent des vêtements bleu turquoise et rouge vermeil, deux tasses rouge et bleue sont posées sur une table basse orangée, au-dessus des deux visages filmés de profil voici accroché.es au mur un autoportrait en noir et blanc de Martha et une photo de femmes voilées tout de noir vêtues, les mains gantées de blanc, soudées en un seul corps  comme défiant la mort ?)  Oui ce plan était (par son cadrage et ses jeux d'opposition) bien plus suggestif ( sans  toutefois  l’étrange étrangeté des toiles de Hopper) 

 

La mort est devenue paysage dans cette villa luxueuse aux immenses baies vitrées où la forêt s'est tout naturellement invitée! 


Etre en vie .....  Ne  pas survivre ! 

 

Colette Lallement-Duchoze
 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

Retrouvez aussi Cinexpressions sur Facebook

 

 

Recherche