18 juillet 2024 4 18 /07 /juillet /2024 06:11

De Bas Devos (Belgique 2023)

 

avec Stefan Gota, Liyo Gong, Cedric Luvuezo, Teodor Corban

Sypnosis: Stefan est ouvrier dans le bâtiment à Bruxelles. Sur le point de rentrer chez lui en Roumanie, il rencontre en traversant la forêt une jeune chercheuse d’origine chinoise qui étudie les mousses et les lichens. L’attention qu’elle porte à l’invisible l’arrête net dans son projet de retour.

Here

Un homme a déposé cette soupe pour toi. Comment s’appelle-t-il ? Esquisse d’un sourire sur le visage de ShuXiu (Liyo Gong) écran noir avant le générique de fin et la question restera en suspens …

Une esthétique de l’inachèvement ?

 

Here il est vrai, aura laissé à quai pas mal de spectateurs « il ne se passe rien ; une telle écologie c’est pas pour nous » Et pourtant !!

Here est un pur film sensoriel en ce sens qu’il sollicite simultanément toutes les sensations (gustative visuelle auditive et tactile). Le format 4,3 permet de circonscrire dans le cadre tout un pan de forêt (sous-bois) qu’une pluie inonde et sublime, de mettre face à face les deux visages en extérieur ou à l’intérieur du bar chinois « longue marche » alors que le thème musical répété en leitmotiv surligne ou domine la musique de la pluie ; l’utilisation du microscope jouant sur les échelles fait advenir, en les décomposant, mousses et lichens aux échos des verts émeraude ; un festival de lumières de couleurs au service d’une approche de l’invisible (infiniment petit).

Mais ne nous méprenons pas : le réalisateur ne joue pas sur l’opposition (trop facile) nature/milieu urbain, microcosme (des cellules végétales) et macrocosme (des buildings). La  bryologue dont la passion sera communicative, explore la mémoire du vivant (les mousses qui tapissent la forêt ne contiennent-elles pas toute la « mémoire du monde » ?)

La coexistence (ou cohabitation) de structures, d'éléments apparemment sinon incompatibles du moins antagoniques (grand et petit, visible et invisible, abstrait et concret) voilà ce qui est au cœur de Here ; d’ailleurs une forme d’interchangeabilité dans le passage de l’un.e à l’autre en témoigne aisément !

 

Certes il ne se passe pas grand-chose :  au sens où primeraient action et rebondissements

Minimalisme -des paroles-, plans prolongés fixes, lenteur du rythme, autant de moyens pour capter l’instant dans son tremblé (Dans un bus, face à un réfrigérateur, avec Tatie et ses préparations culinaires, dans ces mains qui se nouent en s’étreignant, rencontres au détour d’une rue de la ville, la caméra est devenue microscope de l’humain tout comme elle recompose les aspects des paysages (urbain et naturel)

 

Voici en arrière-plan un immeuble en construction (première image) voici des arbres comme bordure à l’espace urbain. Serions-nous à la lisière de ? à l’instar de Stefan l’insomniaque …. Lors d’une seconde rencontre avec ShuXiu, entre Bruxelles et Vilvorde (cf l’affiche) l’ouvrier est invité (tout comme le spectateur d’ailleurs) non seulement à regarder à la loupe l’invisible mais aussi à se « tenir à bonne distance » dans son appréhension du ….vivant. Et quand la voix off -celle des réminiscences ou du rêve- quand le souvenir (enfance en Roumanie) se superposent au « hic et nunc » c’est moins pour le supplanter que pour signifier l’importance de l’autre, dans la quête du vivant. En prônant la construction d’une conscience collective du présent, dans sa matérialité comme dans son histoire, le film n’est-il pas éminemment politique ?)

 

Laissons-nous transporter dans cet univers du « vivre ensemble » à la quotidienneté singulière !

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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