d'Eric Toledano et Olivier Nakache (2023)
avec Pio Marmaï, Jonathan Cohen, Noémie Merlant, Mathieu Amalric, Grégoire Leprince-Ringuet, Danièle Lebrun, Luana Bàjarami, Aïssatou Diallo Sagna
Albert et Bruno sont surendettés et en bout de course, c’est dans le chemin associatif qu’ils empruntent ensemble qu’ils croisent des jeunes militants écolos. Plus attirés par la bière et les chips gratuites que par leurs arguments, ils vont peu à peu intégrer le mouvement sans conviction…
Mais de qui se moque-t-on ??
Une année difficile est une comédie qui se réclame de la comedia del arte, Tout au plus emprunte-t-elle au genre comique italien les zannis (et encore !!!) - -incarnés ici par le duo Albert dit Poussin et Bruno dit Lexo.
Le film serait la rencontre (fortuite ?) entre un phénomène bien réel qui affecte les classes pauvres et/ou paupérisées, le surendettement et l’engagement politique (ici un mouvement écologiste censé s’inspirer d’Extinction Rébellion) ; mais la mixture et la caricature sont telles que le rire (comique de mots, comique de situation, de gestes) est "forcé " tant les "ficelles" sont "visibles", que les amalgames faciles laissent perplexe, que les incohérences (certes délibérées) font florès et flop, que le "récit" d’une romance vient se greffer puis surplomber le tout à coup de clichés …et que…et que…on pourrait multiplier les raisons de notre déception
Le film débute par un montage d’archives: voici de très courts extraits de discours présidentiels, de Hollande à Pompidou, annonçant une année difficile (Macron ? ce sera pour plus tard à condition de ne pas quitter la salle dès le générique de fin …car il se passera encore des choses … dont l’avenir (ah ah ah) du chien empaillé, chien qui serait peut-être la clef de voûte d’une structure pour le moins bancale
Après ce « prologue », une séquence bien rythmée où un groupe d’activistes va débouler dans un centre commercial là où une foultitude de clients potentiels attendent la "manne" technologique à bas prix en ce "black friday" . Ecolos, "rigolos" prônant la « déconsommation » face à des gens au portemonnaie étréci ; parmi eux des " débrouillards" certes, car surendettés ; et voici Albert (Pio Marmaï) qui tentera (en vain) de « revendre » un écran plat à Bruno (Jonathan Cohen) lui-même surendetté, pris en charge par un militant contre le surendettement (Mathieu Amalric) aux allures et méthodes de guru; Cactus (Noémie Merlant) la pasionaria du mouvement écolo, elle qui vit dans un 200m2 boulevard de Courcelles, est censée fédérer animer booster le groupe
Personnages aux motivations fort douteuses (les deux compères) -à l’instar de ces descentes à la Banque de France ou de cette action sur une piste de décollage - ou peu convaincantes (les prétendus militants tels des psittacidés répètent en les éructant, les slogans de leur égérie !!!! ou s’enorgueillissent d’avoir offert « bienveillance et estime » comme cadeaux de Noël à leurs bambins de neveux)
La valse à mille temps de Jacques Brel ouvre et ferme ce bal de pacotille (et la séquence finale où le « couple » Cactus/Poussin arpente la capitale, déserte à cause du confinement …et où à 20h précises les habitants manifestent de leurs fenêtres saluant avec leurs casseroles cette alliance, cette aube nouvelle, est d’un goût plus que douteux)
Cela étant rien à dire sur le casting (le duo roublard Pio Marmaï et Jonathan Cohen, Danièle Lebrun en vieille femme rouée se débarrassant de son chien …empaillé ; Mathieu Amalric en joueur compulsif interdit de casino, alors que ce rôle semble un ajout inutile sauf si l’on remet en cause l’(in)efficacité du mantra « j’en ai besoin… maintenant »)
Colette Lallement-Duchoze