17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 10:23

de Sofia Alaoui(Maroc France 2023)

 

avec Oumaïma Barid :( Itto) Mehdi Dehbi :( Amine )  Fouad Oughaou :( Fouad)

directeur de la photographie Noé Bach

 

Prix   "Creative Vision" dans la compétition Cinéma du monde de Sundance

Itto, jeune marocaine d’origine modeste, s’est adaptée à l’opulence de la famille de son mari, chez qui elle vit. Alors qu’elle se réjouissait d’une journée de tranquillité sans sa belle-famille, des événements surnaturels plongent le pays dans l’état d’urgence. Des phénomènes de plus en plus inquiétants suggèrent qu’une présence mystérieuse approche. Seule, elle peine à trouver de l'aide…

Animalia

Une succession de plans sur les intérieurs couleur pourpre d’une luxueuse maison « bourgeoise » (cadrages apparemment décalés l’œil du regardeur s’est-il substitué à celui de la caméra). Itto est cette jeune femme étrangère qui scrute -hors champ- ce richissime habitat. Etrangère car, d’un milieu modeste, elle n’appartient pas à la classe sociale de son époux (mais elle s’est adaptée à l’opulence…tout en s’acoquinant avec le personnel de service, subissant de ce fait  les foudres de sa belle-mère). Un décor, une ambiance, de veine apparemment naturaliste    

Mais…. Très vite tout va basculer, tout va se mettre à vaciller. On a décrété l’état d’urgence (à l’image de cette tache indélébile et qui agace tant la belle-mère?) Le « tendre » rendez-vous au clair de lune au bord du lac semble soudain frappé d’inanité (d’autant qu’Amine n’est motivé que par l’argent à l’instar de la société capitaliste qu’il incarne)

Panique. Nuages qui s’effilochent animaux qui s’affolent tempête au vert incandescent Serait-ce l’apocalypse ???Un univers contaminé irradié ???

Le film verse dès lors dans un mélange (pas toujours convaincant) de science-fiction et de spiritualité (clins d’œil à The Tree of life  de Terrence Malick pour le rapport spirituel à la nature ? à Melancholia de Lars von Trier pour la rencontre apocalyptique?). La bande-son – avec ses fracassantes dissonances et les bruissements du vent – illustre en l’accentuant une atmosphère anxiogène....

En tentant de rejoindre son mari, Itto nous entraîne dans des paysages à la rudesse altière de l’Atlas marocain . Sa « fuite » - seule face à l’Inconnu dans la campagne d’Icmilchil (être nouveau dont les éléments dessinent les contours dans leur déchaînement même ? intervention divine?, dérèglement climatique ? rencontres du troisième type ?)- lui sera salutaire. Itto notre moderne Iris, porteuse d’un message ? à l’incompréhension de cette catastrophe planétaire, distillée avec des effets de ralentis et de couleurs opaques, s’oppose l’éloquence des contrastes entre les comportements des animaux et ceux des humains.

L’étonnant court métrage « qu’importe si les bêtes meurent » (grand prix Sundance 2020, César du meilleur court) nous avait déjà habitué à ce goût très prononcé pour les ambiances presque apocalyptiques, au mélange de réalisme et de fantastique dans leur traitement et à ce regard acéré sur la société dont Sofia Alaoui est issue.

Animalia: Un premier long métrage allégorique (une invasion inexpliquée et ses salutaires répercussions à la fois collectives et individuelles)

Qu’importe dès lors s’il nous laisse à la marge,

car après tout qui se connaît soi-même connaît déjà la vérité de tout ! (Itto)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

PS: "Réaliser ce genre de films, c’est devenu presque militant. On attend toujours que les cinéastes arabes soient dans une espèce de critique sociale réaliste, comme si on ne pouvait avoir accès au cinéma métaphysique, uniquement destiné au public américain. C’est d’autant plus “cool” d’avoir été sélectionnée par un festival américain, parce qu’en Europe nous sommes conditionnés, alors qu’on peut faire un autre type de cinéma" , confie Sofia Alaoui à Arab News en français

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