20 juillet 2023 4 20 /07 /juillet /2023 05:18

de Pierre Jolivet (2023)

 

avec Céline Sallette : Inès LéraudNina Meurisse : Judith,  Julie Ferrier : Rosy Auffray Pasquale d'Inca : André Ollivro Clémentine Poidatz : Morgan LargeJonathan Lambert : un député , Adrien Jolivet : Pierre Philippe, l'urgentiste

 

À la suite de morts suspectes, Inès Léraud, jeune journaliste, décide de s’installer en Bretagne pour enquêter sur le phénomène des algues vertes. À travers ses rencontres, elle découvre la fabrique du silence qui entoure ce désastre écologique et social. Face aux pressions, parviendra-t-elle à faire triompher la vérité ?

Les algues vertes

Dès que tu t’approches des algues vertes, ça pue, dans tous les sens du terme

 

Adapté de la bande dessinée réalisée conjointement par la journaliste Inès Léraud et Pierre Van Hove, elle-même tirée de l’enquête menée par la première, le film de Pierre Jolivet est d’abord un hommage à cette lanceuse d’alerte courageuse et pugnace (admirablement interprétée par une Céline Sallette, très convaincante)

 

Certes des scènes « intimes » (relation amoureuse avec sa compagne) versent dans l’anecdotique,  les rôles dévolus aux représentants de la toute puissante FNSEA ou aux agriculteurs « butés » frisent la caricature, et des rôles dits secondaires manquent de tonicité, certes  le didactisme l’emporte souvent sur la « nuance » …

 

Mais ce film (une fiction et non un documentaire) épouse le rythme et les rebondissements d’un thriller, obéit à un « tempo » que scandent les « bains » salvateurs dans les eaux de la Manche et la succession des interviews. Il mêle assez habilement ou du moins fait contraster la beauté sauvage et bucolique de certains paysages et le cauchemar de la pollution due aux déjections de porcs. La « progression » dans l’enquête menée par la journaliste correspond précisément à la découverte de l’enfouissement de la vérité : c’est que l’omerta telle une pieuvre aux immenses tentacules est « planifiée » en haut lieu : pouvoirs publics et lobby agroalimentaire, endoctrinement éhonté, propos comminatoires. Pierre Jolivet « montre » en « démontant » un système, il contextualise (le démembrement, la logique du rendement et celle de l’endettement) met en évidence des rouages (choix politiques au niveau national et européen, relais tous azimuts) et en insistant sur les méfaits (euphémisme !!!) écologiques et sanitaires, il fait œuvre salutaire

 

Les premiers plans sont saisissants : voici une plage des Côtes d’Armor avec ses veinules ses rides ondulantes apparemment majestueuses…MAIS voici des langues verdâtres qui tapissent le sable…. Où le mal s’est niché !  c’est que le sulfure d’hydrogène ce gaz émis lors de la putréfaction des algues vertes est toxique et mortel

 

Hélas on sait que si toutes « les preuves de la culpabilité du modèle agricole productiviste se sont accumulées, on est encore loin de la « résolution » de cette catastrophe écologique et sanitaire (les difficultés rencontrées par la production pour obtenir certaines autorisations de tournage en témoigneraient aisément…)

 

Un film que l’on peut mettre en parallèle avec Dark Waters de Todd Haynes (2020) Dark Waters - Le blog de cinexpressions

Un film à voir ! C’est une évidence !

 

Colette Lallement-Duchoze

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