16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 11:48

d'André Téchiné (2022)

 

avec Benjamin Voisin, Noémie Merlant, Audrey Dana 

David, lieutenant des forces françaises engagées au Mali, est grièvement blessé dans une explosion. Rapatrié en France, il souffre d’amnésie et commence une longue convalescence sous le regard dévoué de sa sœur Jeanne. Dans la maison familiale des Pyrénées, entre montagnes et lacs, Jeanne tente de raviver sa mémoire, mais David ne parait pas soucieux de se réconcilier avec celui qu’il était

Les âmes sœurs

A partir d’une scène originelle, ancrée dans un factuel historique (Mali) et marquée du sceau d’une double déflagration, (c’est le prologue) le film se propose de « rétablir » reconstruire ce qui a été dévasté et comme mis en « miettes » ; reconstruction qui pour David comme pour sa sœur Jeanne équivaut à une nouvelle naissance. Elle va s’élaborer en deux temps.

Soit deux mouvements - soins dispensés à l’hôpital militaire à Paris, soins à domicile (en Ariège) prodigués par la sœur ; puis retournement narratif quand David retrouve progressivement la mémoire ; retournement qui a posteriori impose une autre coloration (une autre lecture) à la première partie. Soit deux thématiques inceste et mémoire ! Déconstruction, reconstruction ! réconciliation avec soi-même, avec ce que l'on a été ?

Avec cette façon de filmer si particulière, la marque du cinéaste, plans rapprochés qui enserrent deux visages deux nuques deux êtres « les âmes sœurs » dans le même cadre ; et en contraste ces gros plans sur le visage de l’un et de l’autre (surtout celui de Jeanne qui en frontal impose ses silences chargés de non-dits à chaque escapade avec son chien comme une ponctuation dans le rythme à la fois narratif et dramatique).

La dernière séquence -qui joue le rôle d’épilogue- tout en laissant ouvert le champ des possibles- utilise l’élément liquide (les flots tumultueux que l’on brave avec son corps, l’eau et sa fonction lustrale) comme métaphore d’une nouvelle naissance.

 

Mémoire et nouveau départ ? une thématique chère au cinéaste mais traitée avec plus ou moins de brio !! (Et l’on pourrait (re)formuler ici les mêmes griefs que pour « l’adieu à la nuit » (cf L'adieu à la nuit - Le blog de cinexpressions), dénoncer en outre cette forme de complaisance (douteuse) dans les scènes consacrées aux « soins » (très gros plans sur les plaques rouges, sur les grimaces du visage déformé par la douleur) car on peut reconnaître la place prépondérante  accordée au CORPS tout en décriant le choix d’un compte rendu quasi clinique (qui rivaliserait avec le documentaire)

 

Les paysages comme dans tous les films de Téchiné sont moins ces paysages intérieurs si chers au Romantisme que ces « chambres d’écho » ; certes ils se prêtent au jeu de métaphores (ramifications végétales et crise en arborescence ; grottes et strates du passé aboli et revisité par exemple) mais ils sont d’abord les éléments constitutifs au récit  lui-même enserrant enfermant les deux protagonistes dans leur mal- ou leur bien-être (les « êtres» se définissent par et dans les paysages, ce ne sont pas des « personnages » qui se « reflètent » dans les paysages ou l’inverse)

 

 

Et si la « vraie » consistance de ce film était dans le jeu prodigieux des deux acteurs ?

J’ai eu beaucoup de chance de rencontrer ce couple d’acteurs, je leur dois toute la consistance du film, affirme le réalisateur.

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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