documentaire (France 1973 17')
réalisé par Carole Roussopolous (1945-2009)
à voir sur Tënk
Une femme prend la décision de ne pas garder son enfant.
Le film alterne la séquence d’un avortement mené selon la méthode Karman – alors que cette pratique est encore illégale en France – et des images de la première manifestation de femmes en faveur de l’avortement et de la contraception qui a lieu à Paris le 20 novembre 1971.
Ce film est un tract, le cri de celles qui, en pleines Trente Glorieuses, ne veulent plus être cantonnées aux rôles de ménagères ou de femmes-objets représentées par la télévision. Face à ces hommes qui critiquent la création d'un "marché commun de l'avortement", Carole Roussopoulos filme des femmes qui parlent librement de leur plaisir et qui disent ce qu'elles veulent : disposer librement de leur corps. Jusqu'à l'aspiration de l'embryon, elle filme ce qui alors ne se montre pas, ne se dit pas.
Film fondateur, Y'a qu'à pas baiser révèle le combat de celles qui veulent libéraliser l'avortement et la contraception. Il montre des femmes qui s'entraident, échangent leurs savoirs, fabriquent les images qui sont faites d'elles. Qu'il s'agisse du spéculum ou de la caméra, elles s'emparent des outils aussi bien pour avorter que pour filmer.50 ans plus tard, l'arrêt Roe vs Wade garantissant depuis 1973 le droit à l'avortement aux États-Unis vient d'être abrogé par la Cour suprême. La lutte, elle, continue.
Éva Tourrent Responsable artistique de Tënk
© Images de la culture (CNC)
Notes d’intention Tënk : "À la question de savoir si le gouvernement français projette ou non de constitutionnaliser le droit à l’ivg, voici comment son porte-parole Olivier Véran sabote la notion même de réponse, par une science affirmée de la réduction de vocabulaire** : "Il faut nous donner les moyens de faire en sorte que certains droits ne puissent jamais, jamais être remis en cause. (…) il faut identifier les voies et moyens les plus utiles et les plus adaptés pour faire en sorte que jamais un chef d’état ou un gouvernement dans 5, dans 10, dans 15, dans 20 ans ne puisse arriver et considérer que le droit des femmes puisse être bafoué. (…) En tant que porte-parole du gouvernement je ne peux pas vous affirmer qu’il y aurait un projet de loi constitutionnel qui serait présenté et défendu, je peux vous dire que notre position elle est extrêmement claire et que je pense (…) qu’il nous faut identifier une voie, fût-elle constitutionnelle, c’est à discuter, pour faire en sorte qu’on ne puisse pas remettre ce droit en cause."
Sans vrais mots pour répondre aux questions, comment espérer de véritables actions ? Suite aux décisions de la cour suprême américaine abrogeant le droit fédéral à l’avortement, l’affirmation d’une véritable volonté politique serait pourtant une nécessité absolue, et l’exposition d’une clarté d’opinion le minimum requis. La nouvelle, venue d’outre-Atlantique, impose une urgence : nous ne sommes à l’abri de rien, d’aucun recul des droits que nous pensons acquis. Pour marquer ce drame politique, nous avons décidé de mettre en accès libre pendant deux semaines un film au titre pour le moins ironique : Y’a qu’à pas baiser. Un court métrage de Carole Roussopoulos, classique de la vidéo féministe,