De Maryam Moghadam et Behtash Sanaeeha (Iran 2020)
avec : Maryam Moghadam , Alireza Sani Far , Pouria Rahimi , Avin Poor Raoufi , Mohammad Heidari , Farid Ghobadi , Lili Farhadpour
Iran, de nos jours. La vie de Mina est bouleversée lorsque son mari est condamné à mort. Elle se retrouve seule, avec leur fille à élever. Un an plus tard, elle est convoquée par les autorités qui lui apprennent qu'il était innocent. Alors que sa vie est à nouveau ébranlée, un homme mystérieux vient frapper à sa porte. Il prétend être un ami du défunt et avoir une dette envers lui.
Ce film est dans la lignée des grands films iraniens que nous avons aimés tel "la séparation".
La coréalisatrice Maryam Moghadam qui est en même temps l'actrice principale a des accents raciniens en toute retenue. Nous sommes en pleine tragédie et les silences, les visages expressifs prolongent admirablement des dialogues ciselés, des silences chargés de sens. Les problèmes moraux sont au centre en permanence et nous plongent dans l'univers mental perse si mystérieux, aux nombreux paradoxes, aux déroulements inattendus.
Pas de manichéisme ici, de l'intelligence partout. Il est remarquable de constater à quel point les individus sont coincés de tous les côtés par un régime théocratique autoritaire, la famille, le travail, des croyances et des considérations sur la femme d'un autre siècle.
La discrétion est de rigueur, chacun reste à distance pour ne pas entrer dans l'intimité d'autrui.
Pas de jeu appuyé, une ellipse pour décrire une situation érotique d'une immense élégance. On ne se touche pas même pour consoler l'autre en pleurs. Ce film est tout en pudeur et noble émotion.
Le personnage principal qui élève sa fille seule après que son mari a été exécuté pour un crime qu'il n'a pas commis, est forte d' une douleur et d'une énergie rentrée tellement présente !
Quel bel hommage aux femmes iraniennes victimes des préjugés, de l'absolutisme, du machisme ! Le scenario s'inspire de l'histoire familiale de la réalisatrice et ça n'en est que plus touchant.
Allez voir ce grand et très beau film, il ne peut laisser personne indifférent.
Serge Diaz