de Icíar Bollaín. (Espagne)
Scénario : Paul Laverty .
Avec Carlos Acosta; Edilson Manuel Olbera (Carlos Acosta enfant) ; Keyvin Martinez (Carlos Acosta jeune) ; Santiago Alfonso (Pedro père de Carlos).
L'incroyable destin de Carlos Acosta (né en 1973) célèbre danseur étoile, des rues de Cuba jusqu'au Royal Ballet de Londres!
S'inspirant du texte autobiographique de Carlos Acosta "No way home" la réalisatrice espagnole fait la part belle à la chorégraphie dans ce biopic où la danse est l'essence même du récit, où l'action progresse en fonction de sa symbolique; nous assistons en effet au ballet d'une vie.
Alors oui le déterminisme à tout prix peut paraître artificiel avec ses jeux d'échos amplifiés; citons par exemple le ceinturon du père et la flagellation, l'oculus et son aimantation vers la lumière ou encore la course-poursuite dans le dortoir après une tentative de vol; ces épisodes traumatisants ou solaires que l'enfant a vécus, seront le substrat des créations futures de l'artiste; bien plus les mouvements des corps, les déplacements dans l'espace frappent par leur mimétisme....comme si à des années de distance "tel qu'en lui-même l'éternité le change"
Le film s'ouvre sur une séquence de répétition. Carlos Acosta adulte (et il joue son propre rôle) a créé sa compagnie de danse. Sur sa table un livre il le feuillette et voici que ressuscite son passé de gamin; et plus particulièrement sa relation au père; un père autoritaire, un père fouettard mais si convaincu du talent de son fils qu'il mettra tout en oeuvre pour qu'il devienne danseur!! -et ce, malgré les réticences de l'enfant! L'ascension vertigineuse de Yuli est elle aussi vue de l'intérieur (famille scotchée devant la télévision; coupures de presse que le père collecte et lit quasi religieusement....)
Un biopic qui aborde, mais superficiellement, les problèmes inhérents à l'exil, les clivages sociaux, et qui se contente (avec images d'archives ...pourtant) de signaler les ravages de la Crise qu'a connue Cuba, sans en évoquer les raisons profondes (et la fausse joute verbale qui oppose un candidat au départ vers Miami, à Carlos momentanément de retour, le prouverait aisément!!!)
Dommage aussi que les vues aériennes sur La Havane rappellent les photos clichés des guides touristiques
Hommage à un garçon des rues (admirablement interprété d'ailleurs par Edilson Manuel Olbera) qui ne voulait pas danser mais qui sera le "premier Roméo Noir"? Hommage à l'école de danse de Cuba? Certes . Mais un hommage qui, pétri de bonnes intentions et d'émotions, flirte trop souvent avec le sentimentalisme !!!!
Colette Lallement-Duchoze