De Michal Aviad (Israël)
Orna travaille dur afin de subvenir aux besoins de sa famille. Brillante, elle est rapidement promue par son patron, un grand chef d'entreprise. Les sollicitations de ce dernier deviennent de plus en plus intrusives et déplacées. Orna prend sur elle et garde le silence pour ne pas inquiéter son mari. Jusqu’au jour où elle ne peut plus supporter la situation. Elle décide alors de changer les choses pour sa famille, pour elle et pour sa dignité.
Filmé en longs plans-séquences, centré essentiellement sur le couple "patron/employée" (et de ce fait les personnages dits "secondaires" manqueront forcément d’épaisseur) le film de Michal Aviad - à la mise en scène très sobre-, décrit avec justesse, les étapes d’un harcèlement professionnel, dans sa complexité et ses nuances
Tout commence par des phrases apparemment anodines (coiffure habillement) puis un baiser extorqué ...suivi d’excuses ; de plus en plus d'exigences (travailler plus), une promotion ; un voyage d’affaires à Paris et ce sera le séisme !
Tout cela provoque un mal-être et un mal-vivre : Orna partagée entre son désir de "bien faire" en tant qu’assistante puis directrice des ventes, et sa morale, choisit de souffrir en silence plutôt que d’en parler à son mari ou à sa mère!
Sournois et insidieux le comportement de Benny ! Celui d’un prédateur qui use et abuse de son pouvoir de mâle et de patron, au service d'une stratégie cauteleuse de déstabilisation ! Face à lui une femme ordinaire compétente efficace dans son travail (vendre des appartements à de riches clients français) contrainte de délaisser un peu sa vie familiale ; sa lutte (cf l’accroche publicitaire sur l’affiche) est surtout intérieure
Démonter les mécanismes (sans didactisme)- opposer prédation et culpabilité, mêler machisme professionnel et intime (et le portrait suggéré du mari Ofer est peu reluisant surtout après l’aveu…) suivre l’évolution psychologique d’une femme tiraillée entre les exigences professionnelles et la vie familiale, telle est bien "l’histoire" de Working woman celle d’un engrenage
Et comme le film s’inscrit dans un contexte économique d’ultralibéralisme, on serait tenté d’établir des parallèles entre les deux "formes" de mécanismes insidieux et pervers (ceux qui dictent les rapports bourreau/victime sous couvert de…)
à voir
Colette Lallement-Duchoze