20 avril 2019 6 20 /04 /avril /2019 06:42

De Rodrigo Sorogoyen  Espagne

Avec Antonio de la Torre, Monica Lopez, Josep Maria Pou

Manuel López-Vidal est un homme politique influent dans sa région. Alors qu'il doit entrer à la direction nationale de son parti, il se retrouve impliqué dans une affaire de corruption qui menace un de ses amis les plus proches. Pris au piège, il plonge dans un engrenage infernal...

El Reino

 Père de famille taciturne dans la isla minima, "vengeur placide" dans la colère d’un homme patient,  Antonio de la Torre est de tous les plans dans le film de Rodrigo Sorogoyen El Reino.

 

Qu’il soit filmé de dos -quand la caméra le suit épousant les battements de la musique répétitive d’Olivier Arson, en très gros plan (visage), avec effet spéculaire (miroirs des toilettes), en face à face avec ses ex-complices devenus ses ennemis etc. c’est le portrait d’un homme politique corrompu rattrapé par la justice et qui, tel un animal traqué, cherche coûte que coûte une échappatoire -par la trahison, le mensonge, la manipulation -il a été à bonne école !!!

 

Mais ce film au rythme soutenu nerveux, dénonce moins un système de corruption généralisé -détournements de fonds publics,  pots-de-vin- qu’il n’illustre l’histoire d’un engrenage -Colère d’un homme impatient, animal traqué soucieux avant tout de sa propre survie et...du sort de sa famille... quitte à opter pour des choix peu judicieux --glisser une clef USB dans sa chaussure lors d'une perquisition,  enregistrer ses "compagnons"-  et/ou peu vraisemblables -récupérer des documents compromettants dans la villa d'un ex ami- : c’est l’aspect loufoque et cynique du film.

Le politique sert ainsi de prétexte à un thriller psychologique

 

Or, pour le spectateur il s’agit moins d’identifier tous les protagonistes (et ils sont nombreux) , d’emplir les béances elliptiques d’un semblant de rationalisation que de s’interroger sur la récurrence de ce cliché  "le monde politique est pourri"  comme si l’exercice du pouvoir était fatalement lié à la corruption et justifiait à bon compte l’aveuglement de ceux qui en font un métier (un cliché accepté devenu truisme …)

De plus en se focalisant sur un seul homme, en adoptant son seul point de vue, on en viendrait presque à éprouver une forme d’empathie pour cette "victime" crapuleuse délaissée par ses pairs, animée d'une soif vengeresse à la limite de la parano, et ce n’est pas la séquence finale (face à face sur un plateau de télévision) trop moralisante -et décevante d’ailleurs- (la leçon venant d’une journaliste au service de médias corrompus …) qui in extremis ferait basculer le film dans la pure dénonciation.;

 

Cela étant, on appréciera la construction, le rythme, l’interprétation et la musique de El Reino :

film plus ou moins convaincant que le précédent  "que dios nos perdone" ?

à vous de juger !!

 

Colette Lallement-Duchoze 

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