Documentaire réalisé par Nicolas Champeaux et Gilles Porte France
Présenté au festival de Cannes
L’histoire de la lutte contre l’apartheid ne retient qu’un seul homme : Nelson Mandela. Il aurait eu cent ans cette année. Il s’est révélé au cours d’un procès historique en 1963 et 1964. Sur le banc des accusés, huit de ses camarades de lutte risquaient aussi la peine de mort. Face à un procureur zélé, ils décident ensemble de transformer leur procès en tribune contre l’apartheid. Les archives sonores des audiences, récemment exhumées, permettent de revivre au plus près ce bras de fer.
Comment rendre compte d’un procès -celui de dirigeants du mouvement ANC -congrès national africain- qui s’est déroulé de juillet 1963 à juin 1964, alors qu’on ne dispose pas d’images ?. Comment combler ce manque ? Nicolas Champeaux (journaliste) et Gilles Porte (réalisateur) ont choisi pour matrice les 256 heures de bandes sonores enregistrées ; c'est la voix des "inculpés " - et celle du procureur- que nous allons entendre. Ces protagonistes (et c'est le deuxième choix des réalisateurs ) vont "revivre" en tant que personnages dans des séquences d'animation en noir et blanc, confiées au dessinateur Oerd van Cuijilenborg . Enfin le spectateur est invité à entendre ceux qui ont survécu aux années de prison Denis Goldberg Ahmed Kathrada Andrew Mlangeni, mais aussi les deux avocats de Mandela George Bizos et Joel Joffe, la femme de Mandela…le fils du procureur. Casque sur les oreilles ils écoutent -comme nous- les minutes du procès en les commentant plus de 50 ans après.
Un tel dispositif nous immerge dans un événement où dominent la dignité et la foi inébranlable dans l’engagement. Persuadés qu’ils allaient être exécutés les « condamnés », avec calme et conviction voire courtoisie, vont faire le procès de l’apartheid (le discours de Mandela est exemplaire) en dénonçant la violence des injustices et en plaidant pour l’égalité des droits, face à un procureur carriériste et inhumain (Percy Yutar juif d’origine estonienne mandaté par les Afrikaners...)
Si les dessins frappent par leur graphisme, le mélange de réalisme et de fantastique, la maîtrise du noir et blanc (et leur fonction symbolique) les témoignages des "survivants" sont tout simplement bouleversants
Un documentaire à ne pas rater !!
Colette Lallement-Duchoze