17 mai 2016 2 17 /05 /mai /2016 09:48

Film indien de Chaitanya Tamhane

Avec Vira Sathidar, Vivek Gomber, Geetanjali Kulkarni, Pradeep Joshi, Usha Bane, Shirish Pawar

Court (en instance)

Une pièce minuscule, mini salle de classe, un prof qui apprend à des élèves motivés quelques rudiments de géographie; puis la caméra suit ce sexagénaire au pas alerte dans le dédale des rues; il prend un bus et va se produire avec son groupe sur une scène plus ou moins improvisée. C'est Narayan Kamble, poète chanteur contestataire. Arrestation.

 

C'est à son procès (du moins à des extraits ainsi qu'à ceux d'autres procès) que nous allons assister.

Les chefs d'inculpation? Une de ses chansons aurait incité un égoutier à se suicider...

Voici les représentants de l'ordre, les figures du pouvoir, voici aussi des personnes assises filmées le plus souvent de dos (attendent-elles le procès suivant? c'est qu'il faut aller vite, le juge a la réputation de ...). La procureure débite sur un ton monocorde un texte hyper référencé mais abscons pour le non-initié. L'avocat de la défense fait ce qu'il peut; la séance peut être ajournée reportée..et le procès s'enlise. Peu de témoins convoqués. Pas d'effet de manche pas de grandiloquence (comme dans les films de procès auxquels le spectateur occidental est habitué). Les protagonistes sont "eux-mêmes esclaves de la loi du protocole et de la hiérarchie". Dans cette salle où s'amoncellent les dossiers, le réalisateur privilégie les plans larges et les plans d'ensemble; le spectateur est ainsi confronté à un "spectacle" à une "mascarade" qui contraste avec le sérieux apparent. Procès de qui? De quoi? De la liberté d'expression bafouée muselée? Assurément en ce qui concerne le poète

Chaitanya Tamhane (né en 1987) nous éloigne régulièrement de la salle du prétoire, nous invitant à partager des fragments de vie. Les figures compassées s'animent: les voici en famille, au restaurant, ("La nourriture est une métaphore du fossé entre les différentes castes et les divisions sociales"), et la séquence finale en dit long sur la nature "profonde" du juge en "vacances". Par ces intrusions dans un "vécu" bien palpable en opposition avec le schéma de ritualisation, par ces tranches  de vie sur ce qui précède ou suit l'audience, c'est bien la complexité de l'environnement culturel social qui est mise à nu: soit la prégnance des castes, le poids de la religion, les différences culturelles en Inde et particulièrement dans un Bombay des années 90 (celui des souvenirs du cinéaste)

Écoutons le réalisateur "Même si ce film se déroule au sein de groupes culturels propres à Bombay il a pour but d'explorer le tissu invisible d'un collectif là où les personnages agissent constamment selon les codes des castes et des classes sociales. Mon défi était de rendre à ces personnes leur dignité et leur humanité, malgré leurs défauts"

 

Colette Lallement-Duchoze

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