16 mai 2015 6 16 /05 /mai /2015 06:32

de Israël Horovitz

Avec Maggie Smith (Mathilde) Kevin Kline (Mathias) Kristin Scott Thomas (Chloé)

My old Lady

Israël Horovitz est un dramaturge bien connu de certains spectateurs rouennais (en effet il a accompagné la Comédie errante depuis sa création; en 1995 il assistait à deux de ses pièces présentées par la compagnie; et surtout il lui a offert de créer en France plusieurs de ses textes...). Avec My old Lady il signe son premier film en adaptant pour l'écran sa pièce "Très chère Mathilde". Afin d'éviter le piège du "théâtre filmé" il promène sa caméra au gré de l'itinéraire de son personnage principal: Mathias (Kevin Kline) qui vient prendre possession d'un appartement légué par le père défunt. Ainsi quand il n'est pas à l'intérieur de l'hôtel particulier, il déambule dans le Marais, sur les quais, sur les bords de Seine, il découvre des "jardins secrets" etc. Paris, la ville où ont vécu les auteurs que le réalisateur vénère Ionesco, Beckett et auxquels il rend hommage dans le générique de fin. Mais cette immersion dans le "charme de la capitale" ne résiste pas aux pièges du dépliant touristique (un panoramique saisit Notre Dame drapée de lumière, un travelling suit le flux ondulant de la Seine, et que dire de ces gros plans isolant des panneaux?) C'est à mon humble avis la partie faible de ce film...

Reste la comédie, soit l'essentiel; et comme souvent chez l'auteur la légèreté n'est qu'apparente. Le viager -pratique bien française mais saugrenue pour un étranger, un Américain à Paris de surcroît - va être le prétexte à des élucubrations, à des jeux de mots (comique de situation, comique de langage). Mais bien vite les "maux" qui ressurgissent tels des fantômes -et dont les trophées ne seraient que la piètre caricature – loin de solder définitivement le passé, le réhabilitent en un jeu de miroirs grâce à une série de légers rebondissements, pour mieux l'assumer!!! Dans cet intérieur où s'entassent meubles et objets poussiéreux, où certaines pièces ne sont même plus "habitées", où les photos de famille sont lovées dans des tiroirs, Mathias guidé par Mathilde la nonagénaire et sa fille Chloé, entraînera le spectateur dans son voyage intérieur, la quête de soi!

Si le contraste entre le jeu (exubérant) de Kevin Kline et celui (plus en retenue) des deux actrices Maggie Smith et Kristin Scott Thomas participe du ressort de la comédie; le décalage entre Mathilde la nonagénaire qui impose désormais ses horaires fixes, et la jeune femme au tempérament volcanique qu'elle a été, en dit long sur la dégradation de la vie....Ne serait-ce pas, au final, la thématique essentielle de ce film?

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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