Quelle perfection dans le dernier film d’Alain Resnais !
Le film est très construit dans ses espaces et sa temporalité sur la notion de « passage ».
Les lieux sont des lieux de passages : la gare, l’hôtel.
Le décor est numérique .à la fois riche et impersonnel
La temporalité est celle du théâtre puisque construite sur celle de la pièce qui sous-tend film.
Il y rassemble « ses » acteurs dont les jeux se croisent. Ils ont en commun d’avoir, à un moment de leur vie joué dans l’Eurydice d’Anouilh et visionnent une captation de la même pièce jouée par une troupe de jeunes comédiens.
Le temps est aboli : Sabine Azéma et Anne Consigny jouent par bribes (en superposant leur jeu à celui du film dans le film) la jeune Eurydice, qu’elles ont joué autrefois avec Pierre Arditi et Lambert Wilson (Orphée), Mathieu Amalric est le gardien des enfers.
Que d’émotion dans ce texte croisé, parfois repris, joué par ces merveilleux acteurs filmés avec cette subtilité.
J’ai eu le sentiment qu’Alain Resnais nous proposait là un film - testament.
Jacqueline Marro