22 juillet 2013 1 22 /07 /juillet /2013 05:17

Documentaire de Chris Marker et Pierre Lhomme (1962/63) Copie restaurée présentée à Cannes 2013

 

 

 

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Un film/documentaire composé de deux parties séparées par un intermède dans lequel Yves Montand interprète la chanson. En ouverture ce sont des panoramiques sur les toits,  des plongées sur des rues ou des cadrages plus serrés avec en off la voix de Montand le récitant. Mais surtout les réalisateurs et leur équipe sont allés à la rencontre des habitants (un joli  panel de la capitale sous De Gaulle); certains propos recueillis s'apparentent à des conversations: le tailleur de la rue Mouffetard (partie I) obnubilé par l'argent condition sine qua non du bonheur; le couple de jeunes amoureux, la mère et les 9 enfants heureux de quitter un taudis (Aubervilliers); une décoratrice accessoiriste solitaire et heureuse de l'être, un Noir originaire du Dahomey qui revit la confrontation entre l'histoire racontée par sa grand-mère, sa suspicion envers les Français et celle imposée en haut lieu; un jeune apprenti d'origine algérienne  qui subit de plein fouet le racisme "professionnel", les deux sociologues   futurologues, les deux architectes urbanistes, etc. Ces personnages sont vus en frontal, en plans rapprochés ou de trois quarts face à l'interviewer ou la caméra et quelquefois le plan s'élargit en faisant coïncider paroles et factuel; ou bien c'est un groupe (employés de la Bourse; grévistes dans le hall d'une gare, par exemple). Et quasiment à chaque fois des raccords dits thématiques. Seules les voix de femmes incarcérées que l'on entend au final seront en off...

 

Les images d'actualités prises sur "le vif" en temps réel, deviennent pour un spectateur de 2013, des images d'archives: la manif et le métro Charonne, le cortège silencieux pour les 8 morts; le  procès Salan, les cérémonies officielles aux Champs Elysées (avec De Gaulle). On danse le madison, le twist, on joue l'Année dernière à Marienbad,  Cléo de 5 à 7 Mais que s'est-il passé de singulier en ce mois de mai 1962? Si la question porte  sur la guerre d'Algérie ou les accords d'Evian c'est souvent l'omerta....(Fantomas est revenu: titre la seconde partie et de nouveaux vocables sont entrés dans le dictionnaire "plastiquer", par exemple...) En tout cas, des problèmes sociaux évidents - logements insalubres en plein centre de la capitale ou dans la banlieue proche, les bidonvilles de Nanterre, -conditions de travail-,  qui hélas perdurent...au XXI° siècle...

Au final, la voix de Montand égrène le bilan chiffré concernant la météo, les kgs de nourriture ingérée ou les hectolitres de boissons, les morts, etc.; une réalité paradoxalement abstraite face à l'authenticité des personnages devenus acteurs du film (tous en quête du bonheur) et de leurs propos (individualistes ou non, réactionnaires ou non )

 

Un tel film où l'on sent à chaque plan l'empathie des deux réalisateurs pour les personnes rencontrées, ne nous invite-t-il pas à nous interroger sur notre présent (un demi-siècle plus tard..) en le mettant en perspective?? sous le regard profond, énigmatique de ces chats ("Des parcelles d'or ainsi qu'un sable fin/ Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques" Baudelaire)

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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commentaires

E
<br /> Tout & fait d'accord sur l'intérêt du film et sur la nécessité de le voir en 2013...<br />
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