27 juillet 2013 6 27 /07 /juillet /2013 07:03

Belgique, Pays-Bas, France. Film de P Brosens et J Hope Woodworth. Avec Aurélia Poirier Django Schrevens

  

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Conte cruel au "réalisme poétique", fable aux allures de "chronique d'une mort annoncée", le film séduit par l'originalité de certains angles de vue (la traite des vaches filmée en plongée par exemple) le signifiant du champ contrechamp, la beauté des cadrages et de la photo (terre craquelée, fusion en ocres brunâtres des hommes et des choses), la lenteur des plans-séquences, en même temps qu'il semble alerter la planète ("quand les abeilles s'en vont, le reste suit, tout disparaît", constate, amer, Pol l'apiculteur phlosophe). La cinquième saison sera celle qui ne s'inscrit pas dans le cycle traditionnel, soit une sorte d'hiver éternel..; à cette "brisure" d'un rythme millénaire, correspond le délitement des rapports humains. Le village fête dans la liesse la fin de l'hiver (premier tableau); mais le printemps attendu n'étant pas venu, été et automne devenus aussi mortifères que l'hiver, au collectif se substituera progressivement l'individualisme (quête de nourriture pour la survie en sachant que "la charité c'est pas bien", délations, accusations)  jusqu'au sacrifice final; les hommes affublés de masques (on songe à J Ensor) seront les nouveaux prêtres de cette cérémonie expiatoire, où le feu doit embraser et purifier (la victime désignée est l'autre, Pol en l'occurrence, malgré les supplications d'Alice)     

  

Un homme assis boit son café, face à lui sur la table son coq; bizarrement"muet"; mutisme qui renvoie au silence minéral des deux sculptures animales qui ornent la pièce? En tout cas mutisme annonciateur de la catastrophe...C'est la scène inaugurale. Ce même personnage on le verra vers la fin du film pourchassant son coq; extérieur jour (en écho à la chasse à l'homme que pratiquent les villageois); ellipse; intérieur; même position que dans le plan d'ouverture; mais le coq a dit adieu au gallinacée..

Le pays où l'on caressait les arbres, où les murs suintaient de pleurs de savon, où les flots ondoyaient de fleurs, n'est plus...

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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