Film grec de Spiros Stathoulopoulos
Avec Théo Alexander, Tania Kouleva-Karantinaki
C'est sur un triptyque que s'ouvre le film; panneau de droite Théodore, panneau de gauche Urania; et dans le panneau central la représentation des deux pitons rocheux des Météores qui se font face; leurs escarpements, un escalier abrupt ou un mécanisme rudimentaire d'un filet hissé par une corde pour y accéder. Le récit alternera séquences filmées (les plus nombreuses) en extérieur ou intérieur et séquences animées traitées telles des icônes byzantines ou des enluminures. Loin d'être de redondantes duplications, celles-ci prolongent la narration et/ou lui impriment une dimension poétique et fantasmatique -les cheveux déployés d'Urania, le bain de sang qui submerge les "amants" pour ne citer que les plus signifiants. À la fin, dernier plan, le même triptyque, mais sans ….
On pourra reprocher au cinéaste de traiter de façon trop lisse le dilemme qui taraude les deux personnages (foi, vœu de chasteté et désir, appel de la chair). Nulle passion dévastatrice, nul érotisme.
Mais on ne pourra rester insensible à la beauté à la fois majestueuse et austère des Météores. La caméra, fixe la plupart du temps, restitue en longs plans (en contre plongée) la masse hiératique des monolithes ou cadre dans la vallée des scènes presque champêtres (pique-nique du moine et de la moniale par exemple) joue avec les clairs-obscurs pour les scènes d'intérieur (prières, lectures silencieuses, préparations culinaires)
Lenteur du rythme, maîtrise des cadrages et des lumières, animation stylisée, ellipses et/ou non-dits, tout concourt à faire de l'histoire de ce moine et et de cette nonne, tiraillés entre la culpabilité et le désir, une sorte de conte aux résonances universelles!
Colette Lallement-Duchoze