15 mars 2024 5 15 /03 /mars /2024 06:57

Documentaire réalisé par Laura Chiossone et Giulio Boato (Italie 2023)

 

avec Sara Lazzaro (voix narratrice ) Tommaso Amadio (Titien)  Leonardo Scarpa (Le Titien jeune ) Giovanni Tomassetti (Le Titien âgé)  Titian)  Diego Carli  (Pierre l'Arétin)   Alessia Di Fiore (Isabelle D'Este) Jessica Piccolo Valerani (comédienne) 

Duché de Venise, au début du XVIe siècle. Le jeune Tiziano Vecellio descend des montagnes pour rejoindre la ville dorée. De Ferrare à Urbino, de Mantoue à Rome en passant par l’Espagne de Charles Quint et de son fils Philippe II, Le Titien a traversé le siècle en l’éclairant de ses peintures. Extraordinaire maître de la couleur et brillant entrepreneur de lui-même, innovant tant dans la composition d'un tableau que dans la manière de le vendre, il devient en quelques années le peintre officiel de la Sérénissime, l'artiste le plus recherché par les cours les plus riches et les plus influentes d'Europe

Le Titien, l'empire des couleurs

Un titre prometteur.  Un synopsis alléchant.

Oui le "peintre phare" de la Renaissance italienne formé par les frères Bellini peaufinera sa vie durant les techniques du « chromatisme et du tonalisme » afin de donner l’impression que  "la lumière émane des corps représentés ou de la peau ". Oui Le Titien fut animé d’une ambition démesurée Oui Le Titien est dans les plus grandes collections muséales

Les poncifs "peintre de la couleur, peintre de l’invention, peintre de l’idéologie impériale " les deux cinéastes ont pour ambition de les décrypter : en analysant un itinéraire, en faisant appel à des experts internationaux et en choisissant les œuvres les plus emblématiques (profanes mythologiques ou religieuses) où la Madone les Nymphes les Venus font jaillir  la sensualité de la chair, où les portraits des puissants rivalisent d’ambition (dans l’auto célébration de leur pouvoir)

Dont acte.

 

Mais le choix des « reconstitutions » et leur traitement rappellent les insipides vulgarisations dans lesquelles se complaisent certains documentaires -sous couvert de « pédagogie » Que le peintre soit interprété par plusieurs acteurs correspondant aux différents âges de sa vie, à la limite pourquoi pas (encore qu’il ne s’agit pas de biopic ) Mais voici des comédiennes mimant, imitant les poses des toiles et dans le même plan/cadre voici une confrontation/miroir qui hélas ! vire au grotesque ! (le pire étant cette mini séquence où la comédienne Jessica Piccolo Valerani « double » de Cecilia Soldano, la femme aimée du peintre, agonise sur son lit de parturiente…)

Et que dire de la « reproduction du geste artistique » sinon qu’il s’inscrit dans une débilitante supercherie ? du recours aux fumigènes ?

 

Ce documentaire pèche en outre par excès de didactisme proche du bavardage pontifiant : historiens de l’art, conservateurs et directeurs de musées, universitaires et artistes se succèdent ; filmés assis ou debout, le débit assez rapide pour certains, ils évoquent qui la genèse d’un tableau, qui un contexte politique géographique ou social, qui la modernité du Titien « entrepreneur »

On retiendra les interventions de Jeff Koons, grand  "démystificateur" : évoquant le rôle du mécénat et  la vie d’atelier au XVI°, il les met en parallèle avec des situations "contemporaines" .Ironie ? Autodérision ?

 

Au final on a la fâcheuse impression que les deux réalisateurs ont concentré dans cette « célébration » tous les clichés (spécieux et décevants) du documentaire sur l’art

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

 

 

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