29 mars 2024 5 29 /03 /mars /2024 10:34

de Gábor Reisz   (Hongrie 2023)

 

avec Gáspár Adonyi-Walsh : Abel Trem,  István Znamenák  György András Rusznák : Jakab Rebeka Hatházi  Erika Krisztina Urbanovits : Judit, épouse de György Lilla Kizlinger : Janka Eliza Sodró : Dorka, épouse de Jakab Dániel Király  : Balázska, collègue de György Gergely Kocsis : Marci, le proviseur Tamás Fodor : Elemér Hargitay, révolutionnaire en 1956

 

Festival de cinéma européen des Arcs 2023 : Meilleur acteur pour Gáspár Adonyi-Walsh Prix Cineuropa

Mostra de Venise 2023 – section « Orizzonti » : prix Orizzonti du meilleur film

À la fin de l'année scolaire à Budapest, Abel est recalé à son oral d'histoire. Il dissimule à ses parents les raisons de son échec et va déclencher alors, malgré lui, un scandale politico-médiatique.

L'affaire Abel Trem

Professeur injustement accusé : une thématique récurrente dans la production cinématographique (cf la salle des profs, Pas de vagues) ?. Avec l’affaire Abel Trem c’est un lycéen qui est le personnage principal ainsi que le pays dans son entièreté la Hongrie contemporaine, avec son clivage nationalisme/ progressisme, les antagonismes autour du patriotisme qu’illustre le port d’une cocarde (symbole de la révolution de 1848 contre les Habsbourg commémorée le 15 août), objet de dissension, d’accusation. Et par-delà le portrait d’un adolescent, c’est celui d’une société avec ses effluves délétères, les fléaux drastiques de son administration, le mécanisme bien rodé de fabrication de fake news, et sa jeunesse trimbalée malgré elle dans ce maelstrom -mais dont la dernière séquence exalte l’appétence de vivre - la tenue de bain ou la volonté de se débarrasser de tout ce qui a corseté ligoté ( ??)

Présenté telle une décade (annoncé par un encart, tel jour est consacré à tel protagoniste - exception faite du dimanche où « il ne se passe rien »-),  ponctué par la récurrence d'un thème musical, le film alterne les 3 points de vue (élève, professeur, père, auxquels s’ajoutera celui d’une journaliste) ou les confronte n’excluant pas quelques chemins de traverse (ou digressions) ; il s’abstient -ou du moins fait semblant -- de prendre parti (mettre à plat les faits, les lâchetés ou les ambitions de chacun).et c’est bien une mise à nu, tel un état  des lieux,  qui nous est  "donnée à voir" 

D’abord limité à l’école le thème (amour, examens, relations familiales) s’élargit en devenant  politique : tout comme la vignette initiale est devenue cadre, alors que le format choisi 4,3 enferme dans un système tous les effets collatéraux. Et le colportage, le bouche à oreille, qui relève du comique dans la réaction en chaîne (père, médecin, chauffeur, coiffeuse, voisine), se métamorphose en drame: un mensonge initial soudainement amplifié et c’est le « scandale politico-médiatique » dans la Hongrie de Viktor Orban

Improvisation, parfois, volonté de s’en tenir à la lumière naturelle, recours systématique au travelling latéral (en lieu et place du champ contre champ) caméra portée, tout cela fleure la dogma 95 . Ce que confirme le réalisateur « avec mon directeur de la photographie Kristóf Becsey, nous avons choisi une approche de type Dogma : de la lumière naturelle, pas de mouvements de caméra, des décors aussi réels que possible, une petite équipe. C’était une question de budget, mais aussi parce que j’aime vraiment ce style 

Malgré tous les malgré l’affaire Abel Trem est un film que je vous recommande 

 

 

Colette Lallement-Duchoze

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