28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 07:25

documentaire réalisé par Lea Glob 2022 (Danemark)

 

 Ce film a reçu le label “Oh my doc !” créé en 2020 par France Culture, la Cinémathèque du documentaire, l’association Les Écrans, la plateforme Tënk et Mediapart afin de soutenir chaque mois la sortie en salle d’un documentaire remarquable

Lorsque la réalisatrice danoise Lea Glob commence à filmer la peintre Apolonia Sokol, il ne devait s'agir que d'un exercice d'école de cinéma. Le portrait filmé s'est finalement tourné sur 13 ans pour se muer en une épopée intime et sinueuse celle d'une jeune femme artiste devenue complice de la cinéaste 

Apolonia, Apolonia

D’emblée on sera sensible à ce documentaire en miroir (ce que d’ailleurs suggère le titre), loin de tous les biopics souvent poussifs dans leur quête sinon du vrai du moins du vraisemblable,  ( insertion d’images d’archives, interviews de « sachants ».)

Lea Glob filme, et en filmant se filme.

Un portrait doublé d’un autoportrait

Des petits pieds nus marchent dans l’herbe, ils sont filmés d’en haut, on entend en voix off cet aveu « aussi loin que je me souvienne j’ai toujours vu le monde à travers une caméra ; c’est Lea Glob.

Un visage en gros plan, une frange que des ciseaux tentent de régulariser, de la crème dépilatoire sur le dessus  des  lèvres, c’est Apolonia Sokol.

Plans d’ouverture.

Quand Apolonia prend la caméra pour filmer la « cinéaste » le spectateur devine (comme dans persona) que le documentaire célèbrera la « sororité », une sororité partagée aussi avec Oksana Shachko cette Ukrainienne leader du mouvement Femen, -immortalisée dans les toiles d’Apolonia- et dont le destin tragique servira de contrepoint à la fantaisie affichée de l’artiste peintre (rappelons que lors de la rencontre Lea/Apolonia, en 2009  l'artiste peintre partageait sa vie avec Oksana) 

Oui un documentaire qui met en exergue moins l’acte de peindre, et le contexte de la Figuration que les « creux » (ces sinuosités où se lovent des choix parfois contradictoires ou une ambition digne de l’antique hybris). Tout en privilégiant un questionnement sur une « fange » bien connue, celle de certains prétendus mécènes qui fabriquent un(e) artiste, le(la) ligotent, tant sévit encore le patriarcat …(et dont rendra compte l'épisode américain)  

Au montage  un éclatement chronologique (Lea Glob a filmé pendant 13 ans son « amie » la restitution ne suit pas un ordre linéaire ); mais  la récurrence de maquettes (représentant les lieux où vécut l'artiste) ,  tout en ponctuant le parcours, servent de repères, Voici des extraits de vidéos illustrant la naissance d’Apolonia son enfance au sein du Lavoir moderne « théâtre underground et militant » de la Goutte d’or, créé par ses parents, sa relation fusionnelle avec la mère,  documents précieux. Voici des séquences dont la hardiesse se mesure à l’aune des déceptions, des échecs  ou des victoires  (cf l’épisode californien, où Apolonia pose nue aux côtés de  la statue verte de Paul McCarthy,  plug anal géant et provocateur; cf la consécration en tant que pensionnaire de l'Académie de France à Rome, Villa Médicis) 

La durée du tournage 13 ans concourt  aussi (c’est presque un truisme) à mettre en évidence les évolutions , ambitions et rétractations par exemple

 

 Eros /Thanatos, Vie /Mort,  cette double thématique irrigue Apolonia, Apolonia,  documentaire  A NE PAS RATER

 

Colette Lallement-Duchoze

PS (un problème moral s’est posé à la mort d' Oksana Shachko pour que le film soit aussi une sorte de « mémorial »)

Apolonia, Apolonia

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