27 mai 2022 5 27 /05 /mai /2022 10:16

d'Arnaud Desplechin 

avec Melvil Poupaud, Marion Cotillard, Patrick Timsit, Benjamin Siksou, Golshifteh Farahani, Joël Cudennec…

 

 Compétition officielle Cannes 2022

Un frère et une sœur à l’orée de la cinquantaine… Alice est actrice, Louis fut professeur et poète. Alice hait son frère depuis plus de vingt ans. Ils ne se sont pas vus depuis tout ce temps – quand Louis croisait la sœur par hasard dans la rue, celle-ci ne le saluait pas et fuyait… Le frère et la sœur vont être amenés à se revoir lors du décès de leurs parents

Frère et sœur

 

Disons-le sans ambages : le film de Desplechin déçoit, pire il suinte l'ennui….

 

Un scénario qui patine, des « faux » incidents de parcours (l’accident gros comme un camion !!! dont sont victimes les parents venus en aide à une jeune conductrice et à partir de là rendre « vraisemblable » la « rencontre » « forcée » de la sœur et du frère au chevet de leurs parents mourants) ; un jeu d’acteurs peu convaincant dans les séquences où éclate la colère haineuse : Marion Cotillard et Melvil Poupaud en font trop- , une tendance morbide à « montrer » -et en gros plans- le corps, le visage en assistance respiratoire- ; la volonté d’exhausser au rang de mythe (l’hubris si légendaire) une sombre histoire de haine incestueuse - on ne connaîtra pas la cause, peu importe, le réalisateur privilégie l’expression de cette détestation ; mais aboutir (après moult scènes plus ou moins improbables) à un constat tautologique : -flash-back- « je te hais », parce que j’ai dit « je te hais »,  relève sinon du ridicule, du moins de l’enfantillage. Murés dans une haine réciproque frère et sœur en viennent à phagocyter tous les personnages secondaires (Faunia, la femme de Louis -Golshifteh Farahani- réduite au rôle de celle qui doit épouser aigreur, acrimonie, alcoolisme, sautes d’humeur du mari ; la « jeune » immigrée roumaine Lucia qui dévorant de son regard l’actrice fétiche fait frétiller l’ego d’Alice ! le psy réduit au « sourire » bienveillant de Timsit, Joseph, fils d’Alice qui en surimpression devient pour Louis le « fantôme » de Jacob, son fils prématurément décédé, etc. )

 

Alice est actrice et comme par un effet de mimétisme le film s’impose à l’écran avec une grandiloquence théâtrale, (l’adaptation du film de John Huston  "The dead"  ou  la rencontre "complaisante"  -aux prétentions de  mise en abyme-  de  la scène  avec l’intrigue du film  "frère et sœur" ). Louis est (fut ? sera ?) auteur poète – le poids des mots sur (les) ses « maux »???

 

Une scène de lévitation, un Timsit à cheval, des paysages aux couleurs automnales (Pyrénées) et en écho le brun roux d’un village africain, tout cela ne saurait dynamiser une intrigue pour le moins chaotique

 

Et que dire de cet « après » -post mortem, après la mort des parents- dans une scène de « réconciliation » qui frise la surenchère grotesque (frère et sœur allongés dans le lit parental, elle dans une position fœtale, lui dont la nudité semble saluer une aube nouvelle, une renaissance ?) ; de cet éloignement d’Alice au Bénin -avec les clichés habituels, dits pittoresques et pourtant si post colonialistes…où la parole tel un happy end -celle d’une voix intérieure, qui s’en vient doubler celle d’une missive – est une ode à l’amour, à la vie? 

 

Bref, un film à éviter!!

 

Colette Lallement-Duchoze

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