17 décembre 2021 5 17 /12 /décembre /2021 14:46

film documentaire de Karolina Bielawska (Pologne 2015)

avec Marianna  Klapcynska Jowita Budnik Katarzyna Klapcynska

 

Festival du film de Cracovie 2015 Corne d’or Prix du public Maciej Szumowski

Prix de la Chambre de commerce des producteurs audiovisuels polonais

Festival du film de Locarno - Semaine de la critique Premio Zonta

 

 

en sélection sur arte kino (6ème édition) 

 

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A 40 ans la belle Marianna vient de traduire ses parents en justice pour pouvoir officiellement changer de sexe. Face au risque de perdre les êtres qu’elle aime le plus au monde elle doit apprendre à vivre avec la douleur des sacrifices qu’exige l’accès à soi-même

Call me Marianna

Voici sur une scène de théâtre, une table deux chaises deux verres mais avant que les deux « acteurs » présumés prennent place,  c’est un troisième personnage qui entre en scène en fauteuil roulant (qui commente les deux voix des récitants « lui quand il était Wojtek, elle Kasia l’épouse ») Fin du prologue. En écho au final (avant le dernier plan au bord de la mer) la même scène de théâtre: on apporte une table, deux chaises mais le plan s’est élargi sur la salle aux fauteuils vides. Circularité : la scène liminaire comme répétition générale ? ou le théâtre comme thérapie ? 

En alternant deux dispositifs (dont l’un -théâtre- est le miroir et/ou le "sous-texte" de l’autre -image) en jouant avec les temporalités, en insérant des photos et des vidéos de famille, la réalisatrice propose un documentaire assez original.

Nous allons suivre Marianna (ex Wojtek) dans le processus de finalisation de « changement de sexe » (la loi polonaise permet de poursuivre ses parents pour obtenir le droit de changer d’identité et de se faire opérer cf l’entretien avec la réalisatrice sur le site arte kino) . Mais un « accident » assez grave va créer comme une distanciation entre Marianna épanouie dans son nouveau corps (alerte coquette sportive) et Marianna diminuée par… A l’apprentissage initial, aux démarches menées tambour battant répond la longue convalescence avec d’autres apprentissages…Distanciation et disjonction

Celles qu’aura vécues quasiment au quotidien la future Marianna (rejetée par les siens elle souffre de ce manque d’empathie). Et pourtant quelle ivresse quelle exultation de  "sentir -après l’intervention à Gdansk- un corps qui lui appartient vraiment"  ! et en ce sens le documentaire est un hommage voire un hymne à « la liberté d’identité »

A la patinoire avec son nouvel ami, au bord de l’eau, sur le marché, c’est l’allégresse. Une allégresse qui contraste si vivement avec cette solitude (exiguïté d’un appartement avec un chat pour seul compagnon, image récurrente d’une façade peu accueillante, fin de non-recevoir aux appels téléphoniques) et cette souffrance de ne plus « voir » ceux que l’on continue à chérir. Et en ce sens le film documente sur la douleur torturante des personnes qui ont changé de sexe !

Un film que je vous recommande

 

Colette Lallement-Duchoze

Le film de Karolina Bielawska est un documentaire fougueux non seulement à cause de son sujet, mais aussi parce qu’il est un portrait extrêmement perspicace du protagoniste […] C’est merveilleux que de jeunes cinéastes puissent créer des films si matures et vivants.  Andrzej Wajda (1926-2016)

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