20 janvier 2020 1 20 /01 /janvier /2020 08:30

Documentaire réalisé par Renaud Barret  (France, République du Congo)

"Système K." comme Kinshasa. Au milieu de l’indescriptible chaos social et politique, une scène contemporaine bouillonnante crée à partir de rien, crie sa colère et rêve de reconnaissance. Malgré le harcèlement  des autorités et les difficultés personnelles des artistes, le mouvement envahit la rue et plus rien ne l’arrêtera ! 

 

Système K

vivre dans la capitale est une performance en soi

notre pays invente en permanence les conditions de sa propre survie

où va notre pays ? s’offusque une passante quand des badauds regardaient, curieux, cette maison construite avec des machettes , et que certains entravés furent  conduits au poste « mais ils n’ont rien fait »

Relier étroitement la pulsation artistique de performeurs peintres sculpteurs et celle de la ville n’est-ce pas le fil conducteur de ce documentaire coup de poing ?

 

Nous sommes à Kinshasa, une ville grouillante ; une fourmilière qu’illustrent des vues aériennes ou des prises de vue à même les trottoirs et notre "promenade" est accompagnée par la musique du groupe local Kokoko et par le sculpteur Freddy Tsimba. Ébahis nous allons assister à des happenings des performances,  être pris à partie. Voyez cet homme peinturluré de blanc qui vous prend par la main comme une invite à.., regardez sur les toits cet autre en transe avec ses cornes de zébu ou encore cet astronaute dont le costume est fait de matériaux de récup. Car tout est affaire de récupération chez ces artistes. Ainsi dans les poubelles les décharges ou auprès de revendeurs on se fournit en douilles machettes fusibles ampoules crânes de singe. Une montagne de déchets (comme si l’Occident qui exploite les sous-sols et spolie les richesses, s’en venait à recracher tout le surplus…). Le pillage des ressources -et un confondant retour de situation- ; les guerres fratricides (cette maison construite avec des machettes, le bain de sang) les discours des artistes interviewés et leurs œuvres sont éminemment politiques.

La rue est le lieu par excellence des monstrations et des revendications. Et ces artistes conscients des exactions (euphémisme) commanditées en haut lieu mais aussi des faiblesses d’un peuple encore inféodé à des croyances à leur irrationalité, offrent leur énergie créatrice, leur corps en un élan oblatif. Amener l’art là où les gens ont le plus besoin (il faut entendre la peintre Géraldine Tobe expliquer à des jeunes et moins jeunes une de ses toiles créée à partir du feu comme pinceau et de la fumée comme peinture)

 

Premier tableau. Extérieur nuit. Un étrange chariot surmonté de lampes est tracté dans les rues, précédé par cette figure de pantin ou de diable. Se rappeler qu’en RDC le taux d’accès à l’électricité est un des plus faibles de la planète et l’on sera plus sensible au grésillement des ampoules (de récup) et l’on comprendra cette farouche obsession de la soudure de la connexion du circuit qui anime les artistes jusqu’à cette performance où le corps reçoit la chaleur -quasi mortifère- de la cire qui goutte des bougies ou cette procession du « bain de sang »

 

Oui je vous invite à vibrer dans ce Chaos d'anarchitecture de désurbanisme et de darwinisme social, revisité par l'Art !!

 

Colette Lallement-Duchoze

 

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