25 novembre 2019 1 25 /11 /novembre /2019 07:10

Documentaire de Jennifer Baichwal, Nicholas de Pensier et Edward Burtynsky  (Canada) 

 

Prix Rogers du meilleur film canadien (TFCA Toronto Film Critics Association)

Les activités humaines laissent une empreinte profonde et quasi-irréversible dans l'histoire géologique et climatique de notre planète. Les réalisateurs du film ont parcouru le monde pour récolter les preuves de cette domination. En s’appuyant sur des techniques photographiques de très haute définition, Anthropocène : L’Epoque Humaine, témoigne de ce moment critique de l’humanité. Au croisement brillant de l’art et de la science, ce film est une expérience fascinante et provocatrice de l’impact de notre espèce détruisant la Terre.

Anthropocène: l'époque humaine

Le documentaire s’ouvre sur un embrasement à la puissance inégalée, un brasier tragiquement beau: crépitements couleurs jaunes rouges ambrées s’affolent dans un mouvement dévastateur. Est-ce un incendie ? Nous comprendrons qu’il s’agit de brûler les défenses d’éléphants illégalement tués par des braconniers. (Cette défense appartenait à un éléphant que j’ai connu et je n’ai pu empêcher le braconnage mais désormais personne n’exploitera cet ivoire parole de femme militante) C’est le prologue.

Et c’est sur le même embrasement que se clôt ce documentaire qui aura fait exploser à l’écran la poussière le sable la glace et les machines, métamorphosant par des images sidérantes les strates de la terre qui saigne en une immense tapisserie.

Mais attention : à l’inverse de Yann Arthus-Bertrand qui captait les « merveilles de le terre vue du ciel » les photographes de l’équipe d’Anthropocène dont Edward Burtynsky en filmant depuis les airs les mines de phosphate de Floride ou celles de potasse de l’Oural, les champs d’extraction du pétrole au Texas, montrent des paysages dévastés dont le rendu visuel peut certes friser l’abstraction... Et c’est précisément par cette esthétisation provocatrice, où la nature n’est pas sublimée mais dominée par l’homme que les réalisateurs souhaitent une prise de conscience collective. Aujourd'hui, l'être humain domine tous les écosystèmes de la Terre, bien plus que les processus naturels car il altère ces derniers. C'est une conclusion cruciale 

 

Découpé en plusieurs chapitres (de Extraction à Extinction) Anthropocène nous transporte des usines de Sibérie aux mines de charbon allemandes, de la déforestation au Canada aux digues de béton en Chine , de la montée des eaux à Venise aux émanations de lithium dans le désert chilien d’Atacama, de la décharge caverneuse au Nigeria au tunnel ferroviaire du Saint Gothard...

 

Chiffres à l’appui, une voix off, apparemment neutre (entendons sans intention moralisante ni culpabilisante) commente -sans emphase, avec parcimonie- la destruction des minéraux, la disparition des espèces animales, la dévastation des végétaux…Oui l’ère de l’Holocène qui a duré 12000 ans, est bien révolue nous sommes entrés dans l’Anthropocène (cette époque où l’activité humaine est devenue la principale force de changement sur l’écosystème terrestre, elle a fait franchir à la planète ses limites naturelles...)

 

Certaines images sont empruntées à des archives (comme le signale le générique de fin) :la fête en Suisse qui saluait l’ouverture du tunnel ferroviaire du Saint-Gothard en 2016 par exemple

On retiendra la séquence de la démolition d’une église en Allemagne dernier vestige d’un village rayé de la carte ; un énorme bras mécanique anéantit à jamais clocher et murs, une architecture et un lieu de dévotion...C’est qu’il faut laisser le champ libre à une immense mine à ciel ouvert

Ou encore celle de cet homme pataugeant dans la boue dans l’immense décharge près de Lagos au Nigeria ; harnaché d’un barda,  le pas  incertain, les savates   dépareillées, il titube...

 

à voir !

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Anthropocène: l'époque humaine
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