de Jennifer Reeder (USA)
avec Marika Engelhardt, Raven Whitley, Audrey Francis, Ireon Rauch
Suite à un rendez-vous nocturne, Carolyn Harper ne réapparaît pas chez elle dans sa petite ville bien tranquille de l’Illinois. Sa mère, qui dirige la chorale du lycée, est dévastée. Mais ses appels à l’aide ne sont entendus que par trois adolescentes et leurs familles, touchées par l'indifférence de la communauté - comme si cette jeune fille n’avait jamais compté. Une solidarité nouvelle va naître entre elles et les aider à surmonter le malaise que cette disparition révèle
Un film de genre ? Plutôt un film qui mélange les genres : le teen movie, (le point de départ et qui sert de prologue est la disparition de l’adolescente Carolyn lâchement "tuée" par un boyfriend) la comédie musicale (dont rendrait compte la récurrence des séquences de la chorale dirigée d’ailleurs par la mère de la disparue) le conte érotique (fellation dans une voiture : une adulte et un lycéen ) le macabre (les couteaux, les coulées de sang) entre autres... Et qui de surcroît mélange les styles -avec une prédilection pour le kitsch, les tons violet magenta et cyan, les maquillages outranciers, les ambiances électriques dans tous les sens de cette épithète, et un goût très prononcé voire excessif pour les surimpressions et les fondus enchaînés!
Tout cela au service d’un univers décousu -à cause d’un montage hasardeux où les tableaux se succèdent dans une forme de déconstruction – qui épouserait symboliquement celle de la communauté…?, - mais un univers qui se voudrait déroutant - dans le sillage de Lynch
La disparition de Carolyn crée une onde de choc. Sa mère endosse ses vêtements et drague le dernier garçon à l'avoir vue vivante...Les rôles dans la cellule familiale sont inversés: les amies de Carolyn prennent en charge leurs parents : ainsi Joanna très mature face à une mère dépressive alors que son père -clown au chômage..- , aime les tripotages de Renée Darlington, la mère de Laurel, et l'épouse de l'officier en charge de l'enquête, une mère schizo qui simule une grossesse
Certes les trois jeunes filles osent braver les interdits (cf l’homosexualité), ne s’en laissent pas conter (cf la relation avortée entre le professeur et Joanna) raillent l’amant éconduit (en brodant sur son blouson la revendication la plus machiste "je traite les filles comme de la merde" ). Est-ce pour autant un « film féministe » ?
Faire un film où l’horreur réside dans la violation du consentement c’était l’intention de la réalisatrice.
Pas sûr que la dénonciation même sous forme allégorique (et quelquefois caricaturale) de la domination sexuelle et patriarcale, soit une réussite
Je vous laisse juge !
Colette Lallement-Duchoze