30 août 2018 4 30 /08 /août /2018 12:28

Premier long métrage de Lukas Dhont (Belgique) 

Avec Victor Polster (Lara) Arieh Worthalter (le père)

 

Caméra d'Or au festival de Cannes  et prix d'interprétation masculine (pour Victor Polster) dans la section Un Certain Regard

Argument

Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon.

Girl

Pour réaliser son double rêve : être femme, être danseuse étoile, Lara,  née Victor, doit lutter et physiquement et psychologiquement, pendant cette période de transition (traitement médical intensif avant la grande opération). Alors que l’entourage est bienveillant (surtout le père qui l’accompagne l’encourage) Lara est impatiente : son corps ne change pas ou du moins pas assez vite (et nous la voyons à maintes reprises regarder dans la glace d’éventuelles métamorphoses au niveau des seins et des fesses).

C’est ce parcours que le jeune réalisateur Lukas Dhont met en scène et c’est le jeune Victor Polster, un ado de 16 ans, au physique androgyne, qui incarne de façon sidérante le personnage.

Ce film est inspiré d’une histoire vraie -comme le réalisateur l’a rappelé hier soir à l’Omnia face à un public nombreux, impressionné et conquis- une histoire qui l’a hanté depuis ses 18 ans (Nora le « modèle » a d’ailleurs accompagné l’équipe à la Croisette mais elle ne tient pas à sortir de l’ombre)

Loin des clichés ou des poncifs il s’agit bien d’une souffrance dans la chair comme condition sine qua non de sa métamorphose !

 

Lara est de tous les plans. Elle porte le film, dévore l’écran par son énergie sa ténacité mais aussi par sa grâce ! Le réalisateur a privilégié les gros plans (visage, pieds meurtris) et plans rapprochés (cours de danse, chambre, voiture aux côtés du père, cuisine). Ce n’est pas le regard de l’autre qui est primordial mais les émotions qu’éprouve Lara en toute circonstance, et ces émotions se lisent sur le visage de Victor Polster, s’expriment dans des gestes apparemment banals (préparations culinaires, mouvements de la main) Les séquences consacrées à la danse (très nombreuses et répétitives) insistent moins sur les tortures que le milieu inflige (c’est devenu presque un poncif) que sur la volonté de Lara à les braver en se faisant violence ; pieds ensanglantés, pénis sanglé dans des sparadraps, infections urinaires, tout cela devient comme la métaphore d’une autre souffrance, celle de ne pas encore habiter un corps désiré (même si extérieurement le visage maquillé, les cheveux blonds relevés en chignon, les vêtements donnent à voir une jeune femme) ; de même les « mutilations » qu’elle impose à son corps, en préfigurent une autre …. qui a fait frémir certains spectateurs !

 

Ni vulgarisation clinique, ni plaidoyer moral, encore moins drame licencieux flirtant avec le sensationnalisme, ce film sur le mal-être est aussi une histoire de tolérance toute en sensibilité en émotion retenue (et le père contenant souvent son désarroi face au mutisme de sa fille, n’en a pas moins adopté une belle solidarité avec elle)

 

 

Un chuchotement :Lara Lara c’est l’éveil/ réveil écran encore noir ; c’était le prologue

Lara Lara c’est l’appel angoissé du père à son chevet (après la mutilation…)

Majestueuse et sereine(?) Lara avance filmée en frontal :  c’est le plan final

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Un film à ne pas  manquer! 

 

Girl
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