d'Arnaud des Pallières
avec Adèle Haenel, Adèle Exarchopolous, Jalil Lespert, Solène Rigot, Vega Cuzytek
Voici le portrait d’une femme à quatre moments de sa vie. Une même orpheline (non pas de père ni de mère mais en quête de... à la recherche d'une innocence perdue?? ) incarnée par quatre actrices différentes (Adèle Haenel, Adèle Exarchopolous, Solène Rigot, Vega Cuzytek)
Nous allons suivre -mais "à reculons"- son parcours.
Construire en déconstruisant la sacro-sainte chronologie (éviter le piège du déterminisme?) c’est le procédé adopté pour le traitement narratif; c’est aussi celui qui prélude à l’appréhension du personnage. Renée jeune femme mature et accomplie s’impose d’abord à nous. Très vite elle est "rattrapée" par son passé (un secret ? Complicité de meurtre?). Elle était cette jeune fille vivant une expérience saphique sur fond de courses hippiques. Complètement déboussolée en adolescente croqueuse d’hommes mais violentée par eux, témoin d’une tragédie en Kiki enfant.
Hormis la longue séquence d’ouverture filmée en montage parallèle, chaque épisode de sa vie fera l’objet d’un traitement "particulier" et d’une thématique spécifique (la mort, l’argent le sexe) avec toutefois des récurrences qui rappellent les variations musicales ou les "enjeux" dans la quête de l’orpheline, à la recherche de l'amour : la présence d’un bébé, la relation au " mâle ", le rôle du père qu’il soit "biologique" (violent et alcoolique quand elle est adolescente mais tendre, aimant quand elle est gamine) ou père de substitution.
Une constante aussi : cette façon de filmer le corps de la femme à la fois sensuelle et torride, dans sa beauté brute et/ou sa rage de vivre. (de très gros plans sur le grain de la peau, les lèvres, la bouche dévorante, les tétons que l’on titille ou lèche avec avidité, et surtout le regard).
Quatre actrices formidables (surtout la petite Vega Cuzytek) une façon de filmer exigeante à laquelle Arnaud des Pallières nous a habitués (on se souviendra peut-être du film "Adieu")
Et pourtant ...on reste dans une forme de "cartographie" que la bande-son exacerbe ou peut-être que le film dans son entièreté recomposée n’a fait que susurrer une invitation à devenir "corps réceptacle"..
Colette Lallement-Duchoze