de Kenneth Lonergan
avec Casey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler, Lucas Hedges
argument: Après le décès de son frère, Lee un homme solitaire et peu aimable est désigné comme le tuteur de son neveu. A son contact il se retrouve confronté à un passé tragique dont il ne s'est jamais remis...
Qui est ce personnage solitaire, taciturne accomplissant des gestes répétitifs comme gardien d'immeuble dans la banlieue de Boston, alors que la scène d'ouverture -sur le bateau de pêche avec son frère et son neveu- nous l'avait montré enjoué?
Une série de flash back incessants va mettre en parallèle présent et passé; à l'insouciance du père, de l'époux aimant qu'il fut, s'oppose la brisure d'un homme désormais rongé par la culpabilité. Et progressivement -par bribes- le passé - à la chronologie éclatée- sera exhumé
La séquence du trauma d'abord restituée sans bande-son puis sous forme de huis clos où se libère la parole de Lee, est la clé de voûte de ce mélodrame. Oui il est coupable d'une négligence fatale. Il est condamné (il se condamne) à errer tel un fantôme, un "mort-vivant"
A la mort de son frère aîné il est chargé de la tutelle de son neveu Patrick (la mère était une alcoolo notoire...) . Non seulement il doit revenir dans la ville de son enfance mais il lui faut assumer un héritage dont il se serait volontiers passé. Prémices d'un long et lent cheminement vers la "rédemption"? Pas sûr
A l'inverse, Patrick ne se laisse nullement enfermer dans la douleur du deuil (les séquences "amoureuses" jamais abouties -bien que téléguidées et "appuyées"- sont censées apporter un semblant d'humour...)
Le seul intérêt de ce mélodrame serait l'harmonie entre les paysages côtiers baignant souvent dans une lumière voilée (encore que certains plans et cadrages font penser à des cartes postales au chromatisme éculé...) et la mélancolie du personnage
Personnage admirablement interprété d'ailleurs par Casey Affleck. Quel que soit le contexte, la rondeur enfantine de son visage, les yeux embués -scènes de bistrot ou de bagarres- ou rieurs et comme illuminés, sa façon d'être là hic et nunc, ses silences ou ses prises de bec, tout concourt à faire de son jeu d'acteur une véritable performance
Sinon c'est le triomphe du mélo, avec l'adagio d'Albinoni: un comble!!
Colette Lallement-Duchoze
"Il y a au cinéma 4 catégories dans lesquelles tous les films peuvent se retrouver. Première catégorie : la grande qualité que les gens ne reconnaissent pas. Deuxième : la grande qualité que les gens apprécient. Troisième: la mauvaise qualité que les gens prennent pour de la bonne. Et quatrième catégorie: la mauvaise qualité que personne n'aime. Je vous laisse décider où ranger Manchester by the sea " Kenneth Lonergan (extrait d'une interview)