22 juillet 2016 5 22 /07 /juillet /2016 08:50

De Anna Muylaert   Brésil

Avec Naomi Nero (Pierre/Felipe) Dani Nefussi (les deux mères) Lais Dias (Jaqueline la soeur)

Argument. Pierre est un jeune adolescent de 17 ans, des quartiers populaires de Sào Paulo où sa mère l'élève seule avec sa soeur. Son quotidien est bouleversé quand il découvre que sa mère n'est pas sa mère biologique et que sa famille qui n'a cessé de le rechercher attend son retour....

D'une famille à l'autre

Certes, la réalisatrice s'est inspirée  d'un fait divers. Mais ce qui l'iintéresse est moins la filiation que la quête d'identité et  la construction de soi. "Intriguée" par le personnage du fils,  elle met en exergue ses ressentis d'adolescent et le regard qu'il porte sur lui-même (dont rend compte par exemple le jeu des miroirs dans la salle de bains) et par-delà ce cas spécifique c'est le passage cruel de l'adolescence à l'âge adulte. C'est pourquoi le sort de la "petite sœur" volée elle aussi à la maternité, élevée avec Pierre puis restituée à ses parents, aussi douloureux soit-il, est traité de façon elliptique ou laconique (difficultés d'adaptation au nouveau milieu social et familial)

Plans très serrés, succession rapide de petites touches, et voici que s'élabore le portrait de Pierre. Dès le prologue l'accent est mis sur son goût du travesti, du maquillage, des baisers pulpeux, des rapports sexuels compulsifs (au gros plan sur ses fesses et jarretières dans les toilettes d'une boîte branchée de São Paulo, fera écho celui dans la salle de bain) Puis dans la première partie du film, défile l'essentiel de sa vie d'ado: école, répétitions dans un groupe de rock, vie familiale. Une mère et une sœur aimantes. Mais dès que Pierre redevenu Felipe doit affronter ses parents biologiques, vivre avec eux, se conformer à leur standing de bourgeois bien pensants, la colère si longtemps contenue va éclater. La séquence du bowling est à cet égard révélatrice. D'une part elle illustre métaphoriquement l'incapacité de Felipe à se plier aux diktats sociaux et familiaux (son lancer de boule est toujours dévié, au grand dam du père) et d'autre part elle met à nu (le ton est de plus en plus violent) les angoisses et revendications de ce jeune homme: il déteste le foot, le bowling, il a été cruellement "volé deux fois" et n'a qu'un désir: assumer pleinement celui qu'il est...

 

NB: Si la même actrice (Dani Nefussi) interprète les deux mères, c'est moins un clin d'œil à Hitchcock qu'un choix délibéré de la réalisatrice; écoutons- la "je voulais que le personnage perdure: alors que Pierre quitte sa première mère, il ne va pas tarder à la retrouver à travers sa seconde mère. J’ai fait ce choix car je crois que les mères forment notre regard sur les choses, sur le monde, dès le début et à moins que nous ne fassions un très gros effort pour y remédier, elles sont toujours présentes dans notre subconscient influençant nos relations au quotidien"

 

Colette Lallement-Duchoze

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