De Jin Jang Corée du Sud
Avec Cha Seung-Won, Oh Jung-SE, Song Young-Chang
Grand prix du Festival du film policier de Beaune (2016)
argument: Ji-wook est un policier endurci bardé de cicatrices prêt à tout pour arrêter les criminels qu'il pourchasse, en particulier Heo-gon, un mafieux notoire et cruel. Sa jeune collègue traque, elle, un violeur en série et tombe peu à peu amoureuse de Ji-wook. Mais elle ignore que celui-ci ne nourrit qu'un seul désir: devenir une femme...
Un homme face à la caméra narrant ses mésaventures avec Yoon Ji-wook en vient à le mythifier «J’étais face à sa bite et ensuite il m’a démoli comme un chien». Le plan s'élargit; cet homme s'adresse en fait à ses sbires attablés, et voici que surgit Ji-wook; seul il "massacre" la quasi totalité de ces malfrats (après avoir jeté son revolver préférant la lutte à mains nues...) Première séquence, première scène très gore; le spectateur ne sera pas épargné par d'autres similaires.
Qui est cet homme tant redouté des clans mafieux et criminels? Cet "homme aux talons hauts" à la beauté renversante? Un flic impavide et invincible? En fait -et son passé revient par bribes auréolées de lumière au cours de la narration – marqué dès l'enfance par une scène dite "primitive": une relation homosexuelle tragique , Ji-wook rêve de devenir femme; on le voit fréquenter des "cliniques" (assez sordides); l'argent gagné grâce à son métier de flic, lui permettra de réaliser ce projet.
Le cinéaste va ainsi jouer sur deux fronts: le genre thriller et le cinéma de genre. Violence à l'état brut avec ses giclées de sang et ces corps qui n'en finissent pas d'agoniser, violence dans les propos, c'est le schéma du thriller qui oppose flics et gangsters (mais traité de façon très chorégraphiée) et plus particulièrement Yoon et le "boss" et en parallèle cruauté d'un combat intérieur. Et ces deux "intrigues" non seulement se croisent mais se renforcent mutuellement (d'ailleurs la promesse faite à son camarade de veiller sur sa petite sœur prévaudra sur ses choix personnels)
La beauté tragique de certains plans (la face tuméfiée de Ji-wook, sa chemise /suaire, le visage d'une femme "surréelle"), l'humour très présent, la prégnance de codes spécifiques, l'interprétation de Cha Seung-Won tout cela est au service de cette hybridité à la fois formelle textuelle et thématique.
Un thriller singulier et décapant!
Colette Lallement-Duchoze