de Matt Winn (G-B 2023)
avec Shirley Henderson (Sarah), Alan Tudyk,(Tom) Rufus Sewell,(Richard) Olivia Williams (Beth) Indira Varma (Jessica)
présenté en compétition au festival du film britannique de Dinard 2023
Argument: Sarah et Tom sont en proie à de graves difficultés financières : leur seule solution est de vendre leur maison londonienne. Lorsque leurs amis débarquent pour un dernier dîner, Jessica, une vieille amie, s’invite et se joint à eux. Après une dispute à première vue sans importance, Jessica se pend dans le jardin. Tom s’apprête à appeler la police lorsque Sarah réalise que si l’acheteur l’apprend, la vente tombera à l’eau, ruinant ainsi leur couple. La seule façon de s’en sortir est de ramener le corps de Jessica dans son propre appartement. Après tout, qu’est-ce qui pourrait mal tourner...
On ne se suicide pas chez les autres
Un suicide juste avant de déguster le clafoutis ; un cadavre encombrant, -que l’on planquera un moment dans un placard-toilettes- des couples vacillant sous le poids du règlement de compte. N’est-ce pas un ressort de la comédie noire ? Le découpage en tableaux -annoncé par des intertitres « the trouble with… »- le huis clos dans la maison londonienne -dont le plan d’ouverture sur la façade illustre l’aspect carton-pâte, bien que géorgien- un huis clos -hormis l’escapade nocturne pour "conduire" le cadavre "chez lui" at home", , les visites intempestives (policiers, voisine, acquéreur) comme entrées et sorties de personnages secondaires,, les unités de temps de lieu et d’action, tout cela apparenterait "dîner à l’anglaise" à du théâtre filmé. Il est vrai aussi que le comique de répétition (clafoutis) et certains rebondissements et propos -que l’on éructe en bavant- sont typiques du théâtre de boulevard…
Certes par le rôle du hors champ, de quelques flash-backs, ainsi que par la bande son qu’il a lui-même composée Matt Winn tend à s’affranchir de ce dispositif préconçu. Son dîner à l’anglaise serait la satire (incisive parfois) de la misanthropie des bourgeois huppés de la middle class - l’individualisme forcené éclate dans ces volte-face (la femme humiliée a mis en quarantaine sa moralité, ses préceptes et ses larmes, son mari, l'avocat des violeurs… porte tout en bandoulière) Et le titre originel (et original) the trouble with Jessica serait plus convaincant (celle qui n’existe -dans le film- que par le regard des autres, jaloux ou libidineux est encore plus encombrante morte…. que vivante)
Ecriture ? interprétation ? redondances ? cabotinage ? manque de mordant ?
dîner à l’anglaise ne saurait convaincre…
on risque même de …s’ennuyer (un comble !! pour le « so british »)
Colette Lallement-Duchoze