de Stéphane Demoustier (2023)
avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Florence Loiret Caille Michel Fau Louis Memmi
Melissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s'installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L'occasion d'un nouveau départ. L'intégration de Melissa est facilitée par Saveriu, un jeune détenu qui semble influent et la place sous sa protection. Mais une fois libéré, Saveriu reprend contact avec Melissa. Il a un service à lui demander. Une mécanique pernicieuse se met en marche.
Ici, ce sont les détenus qui surveillent les gardiens et non l’inverse
Un film dont la dynamique interne repose sur une forme de dualité, d’ambivalence grâce à des effets spéculaires : Voici la Corse en tant que territoire et en miroir la prison, tel son microcosme avec ses codes sa hiérarchie ses non-dits. Voici l’enquête sur un double assassinat, menée par le commissaire et le décrypteur de caméras de surveillance et en parallèle la « vie » de Melissa à la fois familiale et professionnelle comme matonne à la prison Borgo. Soit deux temporalités traitées en montage alterné, temporalités d’abord éloignées l’une de l’autre et de plus en plus intégrées au « présent ». Sur le plan formel cette « apparente dualité » se manifeste aussi dans le télescopage des images prises in situ avec celles visionnées sur écran.
Mais la dynamique principale est bien le glissement d’abord pernicieux puis assumé vers l’illégalité (Melissa se sent « redevable » - son voisin de palier raciste n’importunera plus son mari, grâce aux « potes » détenus de la prison- et malgré des réticences elle consentira à divulguer des infos ….sans connaître leur issue tragique)
Oui le film est bien mené (tant en extérieur qu’à l’intérieur de ces murs qui crissent ou crépitent de ces bruits assourdissants de serrures …) et la musique de Sarde participe à la fois de la structure et du rythme
Oui Hafsia Herzi est impériale en matonne filmée de face ou souvent de dos, droit(e) dans son uniforme, en mère de famille imposant respect et obéissance, en épouse -finement rusée ou aimante-, et quand l’alcool aidant elle risque de « lâcher prise » personne n’osera profiter de la situation…
Oui l’ambivalence est souveraine même dans cette « spirale transgressive »
On devine qu’avec le « retour » sur le continent (dernier plan où se conjuguent mais pour mieux se « séparer » la mer et les montagnes de l’île) ce sera un nouveau « départ » (l’épisode corse ayant failli aux attentes de Melissa et Djibril …)
Est-ce pour autant un film " incontournable" ?
On peut en douter.....
Colette Lallement-Duchoze