De Azra Deniz Okyay (Turquie 2020)
avec Dilayda Güneş, Beril Kayar et Nalan Kuruçim
2020 - Grand Prix de la Semaine de la critique de Venise
2021 - Prix de la meilleure réalisatrice et meilleure actrice - Festival du film de Casablanca
Istanbul, dans un futur proche. Alors que la ville est en proie à des troubles politiques et sous la menace d’un black out, Dilem, une jeune danseuse activiste, croise le destin d’une mère dont le fils est en prison, d’une artiste féministe et d’un trafiquant rusé au cœur d’un réseau de trafic de drogue et d’arnaques immobilières...
Trop c’est trop
Caméra trop mobile, qui ne cesse de virevolter avec effets trop « racoleurs »
Traitement simultané de trop de thèmes (place des femmes dans la société turque, gentrification, prisons, rôle abusif de la police, exploitation des réfugiés syriens, éducation)
Musique trop illustrative et souvent hallucinée
Certes il s’agit de chaos. Une voix -radio-, annonce une énième coupure d’électricité et par une astuce de rupture chronologique le film dans un premier temps sera un flash-back avant que ne surgissent en capitales HAYALETLER (“fantômes” en turc), -soit 20’ avant la fin - qu’accompagne une musique fracassante ; effet de circularité puis prolongement à la fois narratif et sonore (nocturne) .
Certes il s’agit d’une « fausse » dystopie (qui a d’ailleurs reçu le Grand Prix de la Semaine critique à Venise en 2020) et on devine la recherche d’une adéquation entre « fond et forme » : une capitale au bord de l’implosion, un récit fracturé dans une nuit de tous les dangers, une nuit du désespoir absolu (dont le fil directeur est ce personnage féminin danseuse activiste croisant le destin d’une femme travaillant dans le ramassage d’ordures et dont le fils aurait été incarcéré sans raison apparente ni suffisante ainsi que celui d’un « trafiquant » de drogue qui exploite des réfugiés syriens sur fond de pseudo réhabilitation de quartiers historiques d’Istanbul)
Bienvenue dans cette « nouvelle Turquie » ! scande la publicité mensongère
L’ironie participe elle aussi d’une condamnation d’un état, d’un gouvernement, dont l’incurie les dysfonctionnements le musèlement de la parole ou de l’activité, la répression tous azimuts sont ici illustré.es par le heurt de destins croisés sur les blocs d’une immanence, celle de « fantômes » bien réels et tangibles dans le Crépuscule
Une complexité distillée avec heurts et fracas
Une complexité qui agace autant qu’elle aurait dû plaire (à défaut de séduire)
Une convulsion de tous les instants et qui emprisonne le spectateur de/dans ses rets insidieux
A vous de juger
Colette Lallement-Duchoze