20 avril 2023 4 20 /04 /avril /2023 13:28

Documentaire réalisé par Nicolas Philibert (2022)

avec "l'équipage" soignés et soignants de l'Adamant

 

Ours d'Or Berlinale 2023

L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.

Sur L'Adamant

Dès la scène d’ouverture (avant même le générique) dans laquelle un « patient » interprète in extenso  « la bombe humaine » du groupe Téléphone, vous serez comme happé ; éjecté de votre siège, projeté hors du temps mais avec cette sensation que le détonateur est réellement « près de votre cœur ». En écho (dans le dernier tiers du film) vous serez aux côtés d’un autre patient, ce poète qui écrit compose interprète just open the doors (ou sa rencontre avec Jim … et Julia Morrisson)

Une voix ! un chœur d’applaudissements ! Nous sommes sur l’Adamant Un lieu à l’architecture « adamantine » ( ?) Voyez ces volets qui s’ouvrent comme des paupières sur l’onde de la Seine, afin de laisser entrer la lumière « à travers les interstices » (comme le recommandait Fernand Deligny cité en exergue ?). Laissez-vous envahir par ces petits espaces lumineux à la rencontre de ces êtres si bouleversants d’humanité dans leur créativité et dans leurs témoignages face à la caméra de Nicolas Philibert qui jamais ne filme en surplomb !

Au montage il fait alterner scènes de groupes, où la « communauté » s’adonne à différentes activités (bilan comptable, cuisine, accueil des « nouveaux », ateliers d’écriture, danse) et face-à-face plus individualisés  -l’œil de la caméra et celui de Nicolas Philibert resteront hors champ -; et si un détail (bouche édentée, regard hébété) attire notre attention, c’est qu’il s’inscrit dans un « tout »  (c’est peut-être parce que nos gueules sont cabossées que nous suscitons la méfiance, nous les fous dit en substance, très lucide, un « patient » -(étymologie celui qui souffre, qui subit).

Un choix formel très classique et pourtant on a parfois l’impression que les furtives « intrusions » dans la capitale (vue sur les quais, sur les lignes du métro, sur les arbres aux couleurs automnales) ou la succession des mini séquences à l’intérieur du bateau, l’absence délibérée de voix off, colorent de façon différente ou inattendue ce qui a précédé ou ce qui va suivre ; serait-ce pour souligner une certaine hétérogénéité (les pathologies sont toutes différentes, la façon de les aborder ou de les commenter différente elle aussi) ou parfois au contraire signaler une forme d’interpénétration (qui est qui ? patient soignant ? ) . Vers la fin,  l’intervention de la « danseuse » qui revendique son savoir ses compétences sans exiger quoi que ce soit en retour  pour animer un « atelier danse » en serait la preuve flagrante !! (une problématique : à partir de quel moment accepter au sein de l’équipe soignante un ( e) ex patient( e) ? Cette intervention qui oppose la "frilosité" des soignants à l''audace des "soignés" , donnerait tort aux esprits chagrins qui reprochent à Nicolas Philbert  son parti pris trop bienveillant  ......Oui le documentariste  a choisi l'humanité contre la violence "Les patients en psychiatrie sont toujours stigmatisés (...) et toujours considérés par le prisme de la violence. Je voulais inverser ce cliché et montrer à quel point ils sont humains"  Son documentaire manque-t-il pour autant d'aspérités? Que nenni -et pour preuve!!

Sur l'Adamant, un documentaire à la fois sensible, poétique et ...politique

A NE PAS RATER

 

 

Colette Lallement-Duchoze

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Mode d'emploi

Ce blog est destiné à collecter nos ressentis de spectateurs, à partager nos impressions sur les films (surtout ceux classés Art et Essai).

Envoyez vos articles ou vos réactions à: artessai-rouen@orange.fr.

Retrouvez aussi Cinexpressions sur Facebook

 

 

Recherche